mes vies

blog multidirectionnel : mes vies de mère, de prof, de musicienne, de lectrice, de promeneuse, de dilettante en tout et spécialiste en rien… Et même mes vies de cuisinière, couturière et tricoteuse !

 

Baïkalisation

Sylvain Tesson est un de ces écrivains-voyageurs, ou écrivains-nomades, dont les récits me fascinent, me donnent toujours envie de chausser mes chaussures de randonnée, de me mettre en route.

Un type que, naïvement, je croyais absolument incapable de rester en place plus de 3 jours.

Mais à l’approche de ses quarante ans, il se retrouve face à la marche, au voyage, un peu comme un vieux junkie :  les sensations qu’il éprouve ne lui suffisent plus, il a beau s’abrutir de kilomètres, il ne ressent plus l’éblouissement des premiers voyages.

Il décide donc, après s’être drogué à l’espace, d’essayer une nouvelle substance : le temps. Il part s’isoler six mois dans une cabane, sur les bords du lac Baïkal, en Sibérie. Son premier voisin est à cinq heures de marche.

Il se fait ermite. Et nous livre son journal.

Dire que j’ai aimé ce livre serait un doux euphémisme. Je ré-écoutai le “masque et la plume” de février dernier où ces critiques parisiens décrivaient ce livre comme “chiant”, ennuyeux, disaient qu’il ne s’y passait rien…

Comment ? Comment peut-on être aussi aveugle ? Comment, la vie, c’est “rien” ? Lire, contempler, se promener, pêcher, écrire, et surtout observer, observer tout, de la mésange qui passe à la glace qui craque au moment du dégel, c’est “rien” ?

J’aime son style aphoristique, j’aime ses réflexions profondes et j’aime ses constatations désabusées sur le monde dont il se met en retrait. L’une des premières phrases du livre explique tout : “Quinze sortes de ketchup. À cause de choses pareilles, j’ai eu envie de quitter ce monde”. Et au départ de l’ami qui l’a accompagné jusqu’à la cabane de rondin qui sera son habitat pour six mois : “je vais enfin savoir si j’ai une vie intérieure”.

Il en a une, de vie intérieure, et elle est assez riche pour que nous puissions, lecteurs, nous en nourrir.

J’ai souligné cinquante phrases, je pourrais citer ici la moitié du livre… J’ai simplement envie de dire que tous ceux qui, un jour, ont rêvé d’une yourte au milieu de nulle part, ont  vu “en ville”, dans le monde, le siècle, une scène ou une chose qui leur a donné envie de fuir sans se retourner, tous ceux-là aimeront le livre de Tesson.

Categorie : livres
Par mes vies
Le 31 mars 2012
A 12:53
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un été sans les hommes

Deuxième roman de Siri Hustvedt (à force, je parviendrai peut-être à retenir l’orthographe de son nom) en quelques mois… Beaucoup plus court : là où “tout ce que j’aimais” retraçait 30 années de la vie de 6 personnes, “Un été sans les hommes” se concentre sur quelques semaines seulement.
J’ai souvent lu qu’il s’agissait d’un livre “féministe”. Honnêtement, je ne vois pas en quoi. Par contre, il est évident qu’il s’agit d’un livre féminin. S’adressant, principalement, à des femmes, et parlant des femmes. (ce qui ne signifie pas qu’un homme ne puisse pas trouver de plaisir ou d’intérêt à cette lecture… Mais ça lui semblera sans doute plus exotique qu’à moi.)

L’histoire est simple, presque banale : après trente ans de mariage, Boris, le mari de Mia, la quitte pour une femme beaucoup plus jeune. Mais au lieu d’une rupture franche, il lui réclame une “pause”.

Mia sombre dans une dépression très profonde, et pour s’en remettre, décide de partir quelques temps dans la ville de province où elle est née, et où sa mère vit, dans une maison de retraite.

Là, elle côtoie tous les âges de la femme : les adolescentes du cours de poésie, encore à l’orée de leur vie, déjà cherchant à séduire les garçons qui leur tournent autour, souffrant parfois, s’interrogeant sur leur popularité, leur attractivité…

La jeune mère de famille, dans la personne de Lola, sa voisine, qui essaie de maintenir l’équilibre de sa famille, entre un nourrisson, une petite fille très énergique, et un mari maussade et souvent absent…

Et les très vieilles femmes de la maison de retraite, dont sa propre mère, qui tirent le bilan de leur vie, et profitent au maximum du temps qui leur est accordé…

Elle, Mia, la cinquantaine, “encore belle”, se trouve à un tournant décisif de son existence. À un moment où elle ne peut plus continuer d’être celle qu’elle est depuis 30 ans, la “femme de”, la “mère de”…

J’ai beaucoup aimé ce livre, mélange d’humour, d’autodérision, mais aussi de poésie (Mia est une poétesse, on lit ça et là des citations de ses poètes préférés, ainsi que des poèmes écrits par ses jeunes élèves); portraits de femmes, à différentes étapes de leurs vies… Et tableau de la “condition féminine”, aux USA au XXIème siècle, avec toutes les contradictions que cela peut supposer.

C’est, là encore, un livre à l’écriture assez dense, à la langue riche, et qui donne l’impression, à la lecture, d’une complicité avec l’auteur. Pas le moins du monde un livre didactique, non. Un livre sur la sororité, dans laquelle Siri Husdtvedt nous convie à entrer…

Categorie : livres
Par mes vies
Le 24 mars 2012
A 10:35
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La steppe est belle…

La steppe est belle...

…Aliosha Vladimir Fedorovitch Sergei Nikaolaïevitch Oulianov Stefanov Dimitri Kovechenko Alapine.

 

*********** fin du très court, très bête et très private joke entre moi et moi-même, prologue*****************

 

 Je viens de terminer la lecture de Limonov, le récit - le “roman”, comme c’est écrit sur la jaquette bleue des éditions POL- d’Emmanuel Carrère, et je ne parviens pas à rédiger un billet satisfaisant. (qui me satisfasse, en tout cas). J’ai adoré ce livre, mais je l’ai trouvé si dense, faisant écho en moi à tant de choses différentes, que j’ai du mal à synthétiser, à mettre l’accent sur un ou deux éléments… J’ai commencé et effacé déjà deux fois; je vois très bien ce qui moi me séduit infiniment dans la vie du “poète russe” et dans le récit qu’en fait Carrère, mais j’ai peur, en en faisant la liste, de décourager d’avance les potentiels lecteurs.

 

Lire Limonov sans rien connaître ou presque, sans rien avoir lu ou presque, de l’histoire de la littérature et de la politique Russe du siècle dernier, est-ce possible ?

 

C’est là toute la question. J’ai tendance à penser que oui : le style de Carrère, déjà présent dans d’autres vies que la mienne ou dans l’adversaire, son écriture presque journalistique (enfin si les journalistes écrivaient comme ça, ça se saurait…), documentée, précise, avec pourtant tant de retours sur lui, sa propre histoire, ses propres sentiments parfois ambigus sur les faits qu’il raconte, est un vrai régal. Carrère fait de la littérature, au vrai sens du terme, sans plus se préoccuper de fiction. Il enquête, il s’approprie une histoire jusqu’à se fondre en elle, jusqu’à ce qu’elle devienne une partie de sa propre histoire. Et il nous la raconte, ou plutôt il nous les raconte, telles qu’elles s’entremêlent : son enfance avec sa mère russologue, qui croise à quelques reprises les mêmes personnes, les mêmes lieux que le jeune Limonov; sa jeunesse, ses “aventures” à lui, qui lui semblent bien ternes quand il les compare à la vie qu’il est en train d’étudier et de nous raconter…

 

Mais moi, depuis mon adolescence matznévienne, tout ce qui touche, de près ou de loin, à la Russie, me fascine forcément. Et Matzneff, justement, Limonov l’a croisé, à Paris. C’est raconté dans le livre de Carrère, en deux ou trois lignes. Et il suffit de ces lignes, encore maintenant, des lignes insignifiantes, pour faire battre mon cœur…

 

Grâce à Matzneff, j’ai découvert et aimé la Russie d’avant la Révolution : Tolstoï, Dostoïevski surtout,  l’orthodoxie, la Russie des samovars.

Mais j’aime aussi beaucoup lire et voir l’histoire des soixante-dix ans de communisme : que ce soit les témoignages de ceux qui ont été persécutés par le régime (Arthur London, L’Aveu, Evguenia Guinsbourg…), les romans inspirés par cette période (du Docteur Jivago à Enfant 44 en passant par le formidable Une exécution ordinaire
…), ou les témoignages de la vie quotidienne de ceux qui sont passés entre les gouttes, comme l’excellent Lénine, Brejnev et moi, lu il y a presque vingt ans mais dont je me souviens avec une précision lumineuse.

 

Et c’est un peu de tout ça, et bien d’autres choses encore, dont est faite la vie de Limonov telle que Carrère nous la présente : la grisaille d’une banlieue soviétique, l’exil aux USA puis à Paris, et le retour en Russie après la disparition de l’Union, via la Serbie. Et la vie dissolue, erratique, de Limonov, qui est poète underground, écrivain sulfureux, homme politique, dissident, soldat, prisonnier selon le cours des choses, se trouve constamment imbriquée avec l’histoire de son pays, qui semble elle aussi, bien souvent incompréhensible à qui la regarde d’un peu loin…

 

Bref, si, comme moi, le simple fait de lire des “Edouard Veniaminovitch”, “Vladimir Vladimirovitch” ou “Mikhaïl Sergueïevitch” long comme le bras vous met en transe, lisez Limonov.

Si vous aimez les mauvais garçons, les dandys underground, les poètes maudits, les beatniks, Bukowski,  lisez Limonov.

Si vous aimeriez comprendre un tout petit peu mieux, en savoir un tout petit peu plus sur l’histoire de l’URSS puis de la Russie lors de ces 35 dernières années, lisez Limonov.

Si vous aimez les histoires pleines de rebondissements, lisez Limonov.

Et si vous aimez la littérature, lisez Limonov.

Lisez Limonov.

 

Allez, quelques petites phrases extraites du livre, qui dressent un portrait intéressant du personnage :

 

” Il aime mieux être chef d’un parti de trois personnes que féal de quelqu’un qui en rassemble des millions.”

 

“Même d’après ceux qui ne l’aimaient pas, c’était quelqu’un sur qui on pouvait compter, quelqu’un qui ne laissait pas tomber les gens, qui tout en en disant pis que pendre s’occupait d’eux s’ils étaient malades ou malheureux, et je pense que beaucoup d’amis autoproclamés du genre humain, n’ayant à la bouche que les mots de bienveillance et de compassion, sont en réalité plus égoïstes et indifférents que ce garçon qui a passé sa vie à se peindre sous les traits d’un méchant.”

 

 

Categorie : livres
Par mes vies
Le 17 mars 2012
A 19:24
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le coup de la kangou

Il y a eu (en juin 2010) le coup de l’antivol. En juin 2011, le 1er coup de la kangou, que je n’avais pas blogué on dirait (on était en plein déménagement, l’internet n’était peut-être pas encore installé…). Et là, on vient de récidiver. On est en avance d’une saison.

Il faut savoir que le coup de la kangou, c’est traitre, ça prévient pas. On a beau SAVOIR que c’est là, ça guette, la kangou est une salope une sournoise,  elle attend le moment où on a relaché notre attention, où on se méfie plus, pour frapper. Et bien sûr, JAMAIS sur le trottoir devant la maison. Non. TOUJOURS sur le parking de l’hyper, à 5 bornes. TOUJOURS (aussi) quand on est un peu speed, qu’on a mille trucs à faire et qu’on est attendu. (sinon, c’est pas drôle).

Le coup de la kangou, qu’est-ce que c’est ???

Sachez, aimables lecteurs, qu’un beau jour, un ingénieur (sans doute aigri par un bizutage trop violent dans son école d’ingénieur) a eu une idée. Une idée qui allait lui permettre de se venger de l’humanité toute entière. (en tout cas, de tous les acheteurs de kangou). Il a eu l’idée d’inventer la kangou qui-se-referme-toute-seule. Franchement, quelle est l’utilité d’une voiture qui se referme toute seule ?? Aucune idée. En revanche, quel est le risque présenté par une voiture qui se referme toute seule ? Hum ? Et bien, c’est que la voiture, elle se referme toute seule, MÊME SI LES CLÉS SONT À L’INTÉRIEUR. Et oui. Et ça, l’ingénieur ingénieux, soit il l’avait pas envisagé, (option gros con), soit il l’avait envisagé et c’est même fait pour (option sadique).

Mais reprenons du début (oui, je sais, t’en as déjà marre… tant pis, ça m’soulage, c’est moins cher qu’un psy). La kangou, elle est moderne pour ses 13 ans. Quand t’appuies sur le bouton de la clé, “clac”, ça la dévérrouille. Mais si, dans les 2 minutes, tu n’ouvres pas une portière, “clac”, elle se revérrouille. Toute seule. Or, (et c’est là, rire sardonique, que l’ingénieur ingénieux a bien calculé son coup), par “portière”, on veut bien dire “portière”. La porte du coffre, elle, elle compte pas. Pourtant, c’est balèze, une porte de coffre de kangou. Ben non, quand même, ça compte pas.

Donc : le coup de la kangou, c’est simple. Tu arrives devant la kangou sur le parking de l’hyper du coin, pas si au coin que ça. Avec ton GérardKlein et tes deux enfants. Tu dévérrouilles -clac- la kangou pour pouvoir ouvrir le coffre. (oui, parce que le coffre il compte pas, mais quand il est fermé, il est fermé. Quand même. C’est une info importante pour la suite, tu vas voir). À deux, pendant que les enfants font les andouilles autour, vous videz l’intégralité des courses du mois dans le coffre de la kangou. C’est lourd. C’est fatigant. Ça donne chaud (oui, parce qu’en Bretagne il pleut tout le temps, sauf le jour du coup de la Kangou où il fait un cagnard incroyable). Alors GérarKlein qu’est pourtant un gars du sud, épuisé par les 21° ambiants, ôte son manteau et LE POSE SUR LA LUNETTE ARRIÈRE DE LA KANGOU. (oui, parce que la kangou, quand t’as la porte arrière -celle qui compte pas- ouverte, tu as accès à la lunette arrière.) Et là, il part (GérardKlein) avec le caddie pour aller le raccrocher aux autres caddies, et ainsi pouvoir récupérer son jeton en plastoque. Et moi, pendant ce temps, pour gagner du temps parce qu’on est pressé, je FERME BIEN FORT LA PORTE DU COFFRE. GérardKlein sursaute à cause du bruit et prend son air affolé. “t’as fermé le coffre, là ???” “ben… oui, pourquoi ?” ” PUTAIN LES CLÉS !”.

Il n’a pas eu besoin d’en dire plus. Les clés de la kangou, son portable et son portefeuille étaient dans son manteau. Sur la lunette arrière. Dans la kangou, qui s’était -clac- reverrouillée pendant qu’on rangeait les courses dans le coffre, vu que dans son putain de cerveau de kangou, quand on lui ouvre le coffre, c’est comme si on l’ouvrait pas. Mais en revanche, quand on referme le coffre, là, il se referme bel et bien.

Ergo.

Les clés à l’intérieur d’une voiture fermée à clé.

(je vous passe le reste, l’engueulade “mais pourquoi t’as fermé ? ” “mais pourquoi t’as mis ton manteau dans la voiture ?”, le coup de fil à un ami, “si si, le double, il est dans le tiroir de gauche, au fond, regarde bien !!” (heureusement que 1) j’avais mon sac sur moi, avec ma carte bleue qu’on peut toujours utiliser pour téléphoner d’une cabine, et 2) que je connais encore par coeur deux ou trois numéros de téléphone vitaux… dont celui du portable de GérardKlein, dommage que Siri ne soit pas foutue d’ouvrir une portière, ça, les mecs, c’est un vrai challenge pour les ingénieurs ingénieux…), l’attente interminable, l’emploi du temps hyper serré du mercredi après-midi qui se retrouve complètement à la rue…)

La question qui vient en premier à l’esprit, c’est : “pourquoi ça nous est JAMAIS arrivé en 6 ans, et là, deux fois en un an ?”. La réponse est évidente : pendant 6 ans, on a eu des bébés. Or, le bébé immunise contre le coup de la kangou. Pourquoi ?Parce que quand vous arrivez devant votre voiture, avec un bébé dans les bras/l’écharpe/le siège rouge du caddie, quelle est la PREMIÈRE chose que vous faites ? hein ? Et oui, bingo. OUVRIR UNE FOUTUE PORTIÈRE LATÉRALE pour installer le bébé dans votre siège auto et avoir les mains et l’esprit libre pour le reste. Donc, vous pouvez prendre tout votre temps, même 2 heures si besoin, la kangou ne se vérrouillera pas.

Conclusion : il nous faut un autre bébé une nouvelle voiture. Et vite. Une dacia, sans verrouillage centralisé. Par exemple.

Categorie : scène de la vie de famille
Par mes vies
Le 14 mars 2012
A 18:29
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