blog multidirectionnel : mes vies de mère, de prof, de musicienne, de lectrice, de promeneuse, de dilettante en tout et spécialiste en rien… Et même mes vies de cuisinière, couturière et tricoteuse !
J’ai beaucoup trop souffert sur fond des “Anges dans nos campagnes, GLOOOOOOOOOOOria” ou de “douuuuuuuuuuuuce nuit”, je suis un peu allergique aux chants de Noël (surtout mal chantés par des chorales d’amateurs dans des églises glaciales.)
Mais bon, il reste quand même ça et là quelques chants qui n’ont pas été gâtés dans ma mémoire par de trop nombreuses auditions et une intonation quelque peu… imprécise (dirons nous). Celui-ci, par exemple.
Joyeux Noël à tous, que vous soyez plutôt “Videntes Stellam” ou plutôt “Petit Papa Noël”, plutôt dinde aux marrons ou plutôt toffu mariné, plutôt iPhone4 ou plutôt gilet tricoté main (avec deux trous plus grands pour les bras).
Categorie :musique Par mes vies Le 24 décembre 2011 A 13:04 Commentaires : 0
La chanson du jour, c’est une chanson de Vincent Baguian que je n’avais pas écoutée depuis longtemps, “je suis une tombe”.
Vincent Baguian, (oui, j’adore les chanteurs qui se prénomment Vincent) c’est un chanteur que j’ai découvert (tout comme l’autre Vincent) sur les ondes de France Inter. Oui, j’y peux rien, mais quasi tous les chanteurs que j’aime sont estampillés “France Inter”, “Télérama” ou “les Inrocks”. Parfois même, les trois à la fois. Son deuxième album, “pas mal”, est sorti quand j’étais en terminale. Et “Les vélos d’Amsterdam” passait alors une fois par semaine sur Inter. J’ai acheté l’album, “pas mal”, comme son nom l’indique. Des chansons assez drôles, pleines de jeux de mots (”j’regarde les biches, qui m’regardent avec dédain…”). Des chansons tendres, des chansons un peu tristes. L’une d’elle qui me serre encore la gorge chaque fois que je l’écoute : “comme un vieux monsieur” : “et des mots croisés plein la tête, n’a plus de femme en quatre lettres ? Déboucher encore son parfum, sentir les souvenirs trop loin”…
L’album suivant, “mes chants”, je l’ai écouté énormément, pas vraiment pour les chansons “méchantes”, caustiques et drôles, comme “on ne nait pas contractuelle” : “.. un jour, on le devient; une femme est capable de tout quand ses enfants ont faim…”, ou “sur Jésus Christ, j’ai fait une croix”, ou encore “j’ai inventé la scie sauteuse“; mais plutôt pour deux chansons que je trouve, moi, très belles, poignantes : “Simple comme bonjour”, écrite avec Zazie : “J’aimerais beaucoup t’écrire des chansons d’amour, sans jeux de mots ni fleurs autours […] ça parait simple comme bonjour, simple comme tout. Ça parait simple comme la vie ne l’est pas, je garde ça pour moi”. La mélodie avec sa quarte ascendante et ses silences, sur ces paroles toutes simples mais plus profondes qu’elles n’en ont l’air, font de cette chanson une de celles qui me touchent, tout comme “Mademoiselle Rose”, sur les fantasmes amoureux décrits dans le style arlequin, d’une femme seule… Un “madame rêve” à la Vincent Baguian.
Son quatrième album (le troisième cité ici, puisque l’un des grands sujets de plaisanterie de Vincent Baguian, c’est son premier album qui s’est vendu à moins de 100 exemplaires…) est parut quand j’étais enceinte d’Eléa, (donc en 2007) et s’intitule “ce soir c’est moi qui fait la fille”, qui est aussi le titre de la première chanson. Première chanson très belle, sur le désir masculin… Je l’aime beaucoup, en particulier pour son accompagnement au piano, avec une petite ritournelle très entêtante, et aux cordes en pizz. (et me demandez pas pourquoi, j’aime bien entendre quelques pizz dans une chanson)
Mais LA chanson dont j’avais envie de parler aujourd’hui, présente donc sur ce quatrième album, “Je suis une tombe”. Baguian y parle de son origine arménienne : “moi je suis la tombe d’une partie du monde, j’y peux rien, je suis là, je suis l’ombre au milieu des décombres”. Il y parle surtout de son ignorance de l’histoire de sa famille :
“Comment savoir qui je suis
Sans savoir de qui je tiens ?
Je suis à moi-même étranger
En ne connaissant rien
Du nom qui est le mien”
et de son besoin de la connaître pour mettre fin à ses peurs, à ses angoisses, héritées mais non dites…
(Il faut que ma peur cesse enfin
Au fond de moi reste gravé
Que tout peut s’arrêter
Du jour au lendemain)
Sans m’être jamais vraiment intéressée à la psychogénéalogie, toutes ces émotions inscrites dans nos gênes, “héritées” des vies difficiles de nos ancêtres, ça me parle beaucoup.
Mais j’aime aussi beaucoup l’arrangement de cette chanson : quatuor à cordes, guitare utilisée un peu comme un instrument traditionnel,type balalaïka; instrument à anche double dont j’ignore le nom, sans doute un instrument arménien, et, presque imperceptible, un chœur. On ne découvre sa présence que sur le dernier couplet, quand il reste seul à accompagner la voix du chanteur, sur les paroles “je ne parle pas d’un pays, mais de toutes les Arménie, quand s’ajoute à la blessure l’insoutenable injure des morts que l’on renie.”
À l’heure où l’on reparle pour la énième fois d’une éventuelle reconnaissance du génocide arménien, cette chanson nous rappelle qu’au delà des enjeux politiques et économiques, il s’agit avant tout d’histoires individuelles, qui ont marqué ceux qui les ont vécus, mais aussi leurs enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants…
Vincent Baguian dit regretter de ne pas parler l’arménien, la langue de ses parents, qu’ils n’ont pas voulu lui transmettre; mais il chante parfois (sur scène) cette chanson en duo avec une jeune femme qui chante en arménien : Diane Minassian.
Categorie :la chanson du jour Par mes vies Le 19 décembre 2011 A 13:55 Commentaires : 0
De tous les genres musicaux, et artistiques, celui qui me touche le plus, c’est la chanson. Je suis toujours béate d’admiration devant ceux qui, en trois minutes, sont capables d’installer un univers, de raconter une histoire, de vous fredonner une mélodie qui vous restera en tête.
La chanson, c’est la quintessence de tout ce que j’aime, un condensé, une huile essentielle en somme. D’abord, un texte: une bonne chanson (ou même une chanson “moyenne”) est capable de vous raconter en 4 couplets et un refrain une vie entière, ou une tranche de vie, de vous emporter là où vous n’êtes jamais allé, ou, au contraire, de mettre les mots précis sur une émotion ou une expérience qui vous semble n’appartenir qu’à vous…
Ce texte, à côté duquel vous passeriez peut-être s’il était un parmi d’autres dans un recueil de poèmes, est porté par une mélodie, et chaque syllabe vous va droit au cœur, portée par la “bonne” note.
Pour que l’alchimie fonctionne parfaitement, il faut aussi une voix, une voix de préférence pas trop puissante, pas trop lyrique, très expressive, mais qui vous parait “naturelle”.
La “bonne” chanson, elle coule toute seule, et quand on l’entend, on se demande comment il est possible qu’un(e) autre l’aie “trouvée”, et pas vous. Alors qu’à l’évidence, elle parle de vous. Elle ne parle que de vous. Ne parle qu’à vous.
Ou elle décrit une situation que vous voyez tous les jours, et qui, d’un coup, à l’audition de la chanson en question, prend sens, prend “chair”.
J’ai une admiration illimitée pour les auteurs compositeurs qui parviennent à créer ces petits miracles… Et spécialement pour ceux qui renouvellent l’opération à l’envie.
Je prenais conscience de ça encore une fois, ce matin, en écoutant pour la première fois depuis bien longtemps peut-être mon album de chanson préféré (oui je sais, j’ai 7 ou 8 albums préférés… ça change au gré de mon humeur) : épures, de William Sheller. Une voix, sans artifice, une voix dont on se dit qu’on “pourrait chanter comme ça”, en l’entendant. Des textes poétiques, ciselés, pleins de nostalgie, de mélancolie, qui tournent tous autour du thème le plus rebattu du monde (l’amour perdu). Et un seul instrument, le piano. Dont les harmonies m’ensorcèlent, littéralement.
[et là, depuis cinq minutes je m’interroge : quelle est ma chanson préférée de cet album ? impossible de vraiment faire un choix… Peut-être revenir bientôt ? avec son intro chromatique au piano, sa deuxième voix à la tierce, ultra traditionnelle mais ô combien efficace, et, toujours chez Sheller, la poésie du texte :
“Etait-ce utile de rester davantage
Fallait-il se dire à tantôt ?
Je vais reprendre un déjà bien long voyage
Dont je ne pense pas revenir bientôt
Si d’aventure j’ai laissé quelques traces
Elles s’en iront comme tout là-haut
Les longs traits blancs derrière les avions qui passent
Oh je ne pense pas revenir bientôt” ]
Même des chansons très populaires, qui jouent sur des ressorts musicaux et poétiques un peu “faciles”, peuvent avoir un pouvoir d’évocation très fort… Je pense à certaines chansons de Goldman, dont je n’ai jamais été très fan (contrairement à GérardKlein), mais à qui je reconnais un sens de la formule, de l’image, et de la mélodie pour le moins très efficaces.
Par exemple, la vie par procuration, qui nous dresse en quatre vers un portrait juste et sensible, et qui me revient toujours à l’esprit quand je croise certaines silhouettes, ou que de ma chambre j’aperçois les immeubles du quartier… “Elle met du vieux pain sur son balcon, pour attirer les moineaux les pigeons. Elle vit sa vie par procuration, devant son poster de télévision”. Encore une fois, la musique est indispensable, qui nous projette par son rythme lancinant dans cette vie sans relief…
Des chansons qui nous touchent, il y en a des centaines. Pour ma part, j’en trouve chez presque chaque chanteur, même ceux qui (par ailleurs) m’exaspèrent, même ceux qui produisent 99% de soupe, chez les chanteurs commerciaux, chez les chanteurs intellos… La liste des chansons que j’aime est tout simplement interminable je crois.
Et quand j’aime une chanson, (ou un chanteur), je n’ai qu’une envie : la faire aimer à tout le monde. Cette (longue, bien sûr…) introduction afin d’ouvrir une nouvelle catégorie, dans laquelle j’ai envie de parler des chansons que j’aime.
Et pour commencer, j’avais envie d’évoquer tout un album, de Bénabar, un album sans titre (sans autre titre que le nom du chanteur, en fait), paru en 2001.
Sur cet album, 12 chansons, petits textes inspirés du quotidien et accompagnés de cuivres, d’un piano, de quelques percussions…
“bon anniversaire”, et “y’a une fille qu’habite chez moi”, d’abord, qui évoquent le passage à l’âge adulte, la charnière entre l’adolescence qui traine en longueur et le moment où on commence à vivre comme un adulte, sans avoir vraiment l’impression d’en être un…
“vélo”, petite chanson sur un enfant qui essaie d’apprendre à faire du vélo sans petites roulettes. Une petite chanson qui n’a l’ai de rien, mais dont l’accompagnement pourvu uniquement par le piano et la contrebasse, vaut l’écoute à lui seul.
Et (pour moi) la plus belle et la plus intéressante : Majorette.
D’abord, c’est une chanson à trois temps. Et c’est assez rare pour être souligné. (99% des chansons sont à quatre temps. Oui, ce soir, je suis à fond dans les pourcentages.)
C’est un musicien de la fanfare qui parle, qui nous décrit un défilé dans le village, avec les majorettes. Ce musicien est un peu l’idiot du village, mais il est amoureux de la plus jolie des majorettes, qui ne lui accorde pas un regard, puisqu’elle est fiancée à un militaire, qui a un “vrai” uniforme, “un de l’armée de l’air”. Celui qui parle aurait bien voulu en porter un, lui aussi, mais “la patrie et Nadège, elles veulent pas de moi”.
On y entend au début, la fanfare jouer une musique gaie et entrainante; puis, lorsqu’on découvre la “vérité” sur le pauvre amoureux transi, la musique cesse, la brusque rupture de rythme est là pour accentuer le côté pathétique du texte. La dernière partie de la chanson nous montre le “délire” de l’idiot, qui se rêve d’abord marié avec Nadège, mais devant l’impossibilité de cette union, finit par souhaiter de tout gâcher : “j’voudrais tous qu’ils crèvent, avec leurs vrais uniformes… j’vais faire des fausses notes, j’suis bon à rien, la preuve : j’ramasse les feuilles mortes…”, le tout sur une valse qui accélère jusqu’à devenir endiablée.
Ici on trouve vraiment tous les ingrédients qui m’intéressent dans une chanson, un texte très simple mais si imagé qu’ils nous plonge au cœur de la psyché de ce pauvre “bon à rien”, rejeté et moqué par les enfants et les jolies filles; et un accompagnement musical parfait, original (pas la touche “disco” du Bontempi, quoi…) et qui, sans qu’on s’en rende compte à la première écoute, nous guide, nous conduit à travers les émotions.
J’étais un peu trop sûre de moi, le système un peu trop bien rôdé. Aussi ce matin, jour de ma fête comme tous les ans à peu près 23 jours avant Noël, quand j’ai ouvert le paquet carré et plat, je pensais bien y trouver le CD de Baptiste Trotignon dont j’avais envoyé les références à GérardKlein au moment où je l’avais découvert (Trotignon, hein, pas GérardKlein. À l’époque, les e-mails ça n’existait même pas, d’ailleurs.) Mais en fait, non : le mail était trop ancien, et il a été effacé lors d’un grand (et peut-être un peu trop enthousiaste) nettoyage de sa boîte mail. (donc, QUINZE JOURS avant ma fête, c’est le bon moment. Un mois et demi avant, c’est trop. À retenir pour l’année prochaine.)
À la place, le dernier Voulzy.
J’ai beaucoup d’affection pour Laurent Voulzy, j’aime sa musique, et longtemps Avril a été mon album favori du monde.
Mais j’aime bien avoir pour ma fête rien qu’à moi un cd rien qu’à moi. Or là, il est évident que “mon” Voulzy va tourner en boucle dans la voiture, dans laquelle je ne suis pas, la plupart du temps…
Bon, je vais toucher mes HSE d’octobre, normalement. À nous deux, Trotignon.