En septembre, c’est l’anniversaire de mon père. Quel est le rapport avec la choucroute, me demanderez-vous ? Et bien pour l’occasion, ma soeur et moi l’avons abonné à l’hebdomadaire “Marianne”. Abonnement très vite rentabilisé, puisqu’après que mon père ait lu son journal, que ma mère a son tour ait pris connaissance de son contenu, je le récupère pour le lire, (signalant au passage à GérardKlein les articles susceptibles de l’intéresser), après quoi je fais passer à ma soeur les derniers numéros de la revue “pour sa salle d’attente”. (finalement, il s’avère que Marianne n’est pas assez consensuel pour une salle d’attente, donc elle les garde pour elle et laisse plutôt Biba pour ses patients.)
Et aujourd’hui, dimanche, entre la poire et le fromage chez mes parents, mon père me montre un article du dernier Marianne : “Quand l’écologie renvoie les femmes à la maison”. Une magnifique photo d’une mère étendant ses couches lavables dehors, un bébé porté en sling sur sa hanche. Et un article pleins de racourcis et de mépris, qui assimile les “nouvelles” femmes au foyer qui allaitent, qui utilisent des couches lavables (vous imaginez à quel point je me sens attaquée !!) à des esclaves, avec bien sûr Mme Badinter qui vient en remettre une couche, et parle de l’allaitement comme une “assignation à résidence” de la mère… Selon elle “la liberté ne doit pas se négocier”, car bien sûr, la liberté de la femme, c’est pas de rester à la maison et d’allaiter ses enfants.
Madame Badinter SAIT ce que c’est, la liberté de la femme. Et la liberté de la femme, c’est d’aller au travail !
Moi, j’ai CHOISIT de rester à la maison avec les personnes que j’aime le plus au monde. De partager avec eux chaque instant de leurs premières années, d’être là avec eux, de les accompagner, de profiter de leurs premiers sourires, de leurs premiers pas, de leurs premiers mots… De suivre leur rythme, de pouvoir leur offrir le “luxe” d’une grasse matinée quand ils en ont besoin… (et de m’en payer une par la même occasion). Ce que je vis depuis 4 ans et demi, c’est le BONHEUR pour moi, et je l’ai CHOISIT. J’ai eu de la chance de pouvoir faire ce choix, c’est sûr ! Mais qu’on ne vienne pas me dire que je ne suis pas libre, berdol de mierda !!!!
Parce que, ma copine C. qui se lève à 5h30 du matin, réveille son petit bout à 6 heures, part à 6h45 de chez elle, pose son fils chez la nounou à 7h, repart dans les embouteillages et réussit parfois à être au boulot avant 8 heures, puis refait le même circuit à 18 heures, vous croyez qu’elle est libre ? Elle ne voit son fils qu’une heure le matin et une heure le soir, elle bosse comme une folle avec une pression telle qu’à 32 ans elle est constamment sous médicaments contre le stress et l’hyper tension…
Certes, elle gagne bien sa vie, et elle “rentabilise” son diplome d’ingénieur, ELLE. Et si son mari la quittait du jour au lendemain, selon Mme Badinter, ça ne serait pas grave car elle a l’indépendance financière.
Pétard !!!!
Mais c’est tout ce qui compte, dans la vie ??? Bosser comme une folle et ne jamais voir ses enfants, les laisser toute la journée à des étrangers qui les élèvent à notre place, pour la seule et unique raison que si Roger se tape sa secrétaire on peut le quitter sans arrière pensée ????
Alors laissez-moi vous dire un truc. Mon GérardKlein est bourré de défaut, mais bon, hein, quand même je l’aime. Et j’ai la prétention de croire que la réciproque est vraie. Donc j’évite de construire toute ma vie sur l’idée qu’un jour il me laissera tomber comme une vieille chaussette puante pour une jeunette à forte poitrine.
Ce qui ne veut pas dire que je sois à l’abri de ça (ou d’autre chose, comme un accident de la route…). Mais franchement, le jour où je décide de prendre mes clics, mes clacs, mes aiguilles à tricoter et mes gosses et de me tirer, ce n’est pas son mirobolant salaire d’instituteur en début de carrière qui me fera renoncer !
Qu’est-ce qu’ils s’imaginent, à Marianne ? Que j’ai troqué mon cerveau et mon libre arbitre contre un lot de two size bio ? (pour les non initiés les two size sont des couches lavables en coton, elles existent aussi en bio !)
Ensuite, quand je lis que l’allaitement est une entrave à la liberté de la femme…
Purée ! Mais ça, on voit bien que c’est une femme qui n’a jamais allaité qui le dit ! Moi je suis allée partout avec mon bébé, je l’ai allaité dans le bus, en bateau, en avion, en ville, dans des réunions publiques, je l’ai même trainé au café blogueur de St Nazaire ! J’ai l’air d’une femme “assignée à résidence” ?
Et elle est où, la liberté de se lever à 4 heures du matin, de descendre à la cuisine, de préparer un biberon avec 6 dosettes de lait en poudre et chépacombien d’eau, qu’à 4 heures du mat t’as l’esprit tellement embrumé que t’arrives pas à compter jusqu’à 6, tu sais plus si t’en es à 5 ou à 6, allez dans le doute on refout tout dans la boite et on recommence, avec bébé qui hurle là-haut et toi qu’à les yeux qui se ferment tout seul…
Purée, là, t’es libre c’est clair !
ha, voilà, je m’énerve… Mais j’en ai marre, là ! Ça fait 3 ou 4 fois que je vois des “articles” sur les nouvelles mères au foyer qui me donnent envie de bondir.
entre “Si Caroline Ingalls avait eu des couches pampers, elle aurait été contente !” (mééééé oui, mon mari il va couper du bois en salopette tous les matins, regardez-moi bien….) et le ton supérieur de Mme Badinter qui sait mieux que moi ce qui me rend libre… Pfff, j’en ai ras l’écharpe porte-bébé !!
C’est sûr, ça ne plait pas à la société de surconsommation, des mamans qui ne veulent pas enrichir Pampers et Blédina !!
Qui ne croient pas que Saint-Marcel-Ruffo ait toujours raison !
Ben vous savez quoi ? Vous qui défendez tant “la liberté”, laissez-nous libre ! Libre de vivre la vie que nous avons choisit, libre de ne pas participer à la “croissance” que de toute façon elle a pas bonne mine, libre de pas “gagner”, “dépenser”, “consommer”.
Mon ménage a un moral EXCELLENT, en ces temps de crise financière. Et je ne vous permet pas de dire, parce que je n’achète pas de lingettes jetables ou de lait de vache par baril, que je n’ai pas le moral, ou que je ne suis pas libre.
En attendant, l’assignée à résidence vous emm vous salue bien !
(Tétée dans les vignes, juillet 2007, Eléa avait un mois…)