mes vies

blog multidirectionnel : mes vies de mère, de prof, de musicienne, de lectrice, de promeneuse, de dilettante en tout et spécialiste en rien… Et même mes vies de cuisinière, couturière et tricoteuse !

 

petits bonheurs

c’est tout un tas de choses qui déclenchent l’écriture de ce billet… ça monte, depuis quelques temps. Cette obligation du “bonheur”, des listes à faire sur Facebook (on te “désigne” et tu “dois” lister des “petits bonheurs”… rien que l’idée déjà, ça tue en moi toute forme de bonheur !), à une boîte d’infusions appelée “infusion des petits bonheurs”…. Hé, c’est du thé, on se calme ! En allant par là, un carré de chocolat c’est de l’amour ! et en apothéose, vendredi lors d’une formation sur la gestion de classe, on nous demande de lister nos difficultés en classe (c’est pas ce qui manque) et nos “petits bonheurs”.
C’est officiel, l’expression “petit bonheur” est l’expression la plus galvaudée du monde. (n’ayons pas peur d’être définitive).

Je crois qu’en ce qui me concerne, essayer de mesure, d’attraper un moment de bonheur, c’est obligatoirement le mettre à mort. L’épingler comme un papillon dans une vitrine. Je demande donc officiellement qu’on cesse de parler du bonheur, d’en lister les ingrédients, de donner les “sept secrets des gens heureux”, qu’on arrête de penser que ce qui est un moment de bonheur pour l’un doit forcément pouvoir être un moment de bonheur pour les autres… Le bonheur n’a pas de recette, il n’est pas reproductible ni transposable.
Voilà, c’était GrincheuxVousParle, mais ce matin entendre quelques répliques de Jean-Pierre Bacri dans la chronique de Rebecca Manzoni m’a déculpabilisée. Et puis j’en ai ras-le-bol de la mode des petits bonheurs, j’essaie de lancer celle des emmerdeurs gâcheurs de plaisir. Allez, rompez.

Categorie : moi
Par mes vies
Le 30 septembre 2014
A 10:43
Commentaires : 21
 
 

rentrée littéraire

Autant je n’ai jamais lu, ne lirai jamais Joyce Maynard, parce que je ne veux pas lire le moindre mots “contre” Salinger (fut-il absolument et indubitablement vrai… je préfère mes illusions et mon ignorance. Et je préfère tous les livres de Salinger, peu importe que leur auteur se soit bien ou mal comporté avec ses compagnes. Tiens, j’ai pas plus envie de lire le Joyce Maynard que le Trierweiler), autant Oona et Salinger de Beigbedder me tente bien : j’ai une indulgence un peu coupable pour Beigbedder, je lui pardonne tout, à cause de son amour dure trois ans.

(et sinon j’ai lu le Carrère (Le Royaume) mais je n’arrive pas à en dire quoi que ce soit. Enfin si, que j’ai adoré. Mais ce que j’ai aimé dans ce livre est si subjectif que je n’écrirai pas de billet, je crois.) (ou plutôt : ce qui moi m’émerveille et m’attire et me touche, j’ai trop peur que d’autres n’y voient que bondieuseries et auto-indulgence.)

Categorie : livres
Par mes vies
Le 5 septembre 2014
A 9:45
Commentaires : 22
 
 

Portuaire

Après avoir pendant toute une année (scolaire : mes années sont toujours scolaires) frôlé au plus près la raffinerie de pétrole, empruntant matin et soir la ligne de train qui passe au milieu de cette grosse installation industrielle à l’odeur prégnante, signature olfactive perceptible plusieurs kilomètres à la ronde, cette année c’est le bus qui m’emmènera au travail, et la ligne passe le long du port et des chantiers.
C’est tout le patrimoine industriel de saint nazaire, son cœur historique (la ville n’a commencé à se développer qu’au XIXeme siècle, autour des paquebots transatlantiques) et symbolique. Tout une zone regroupant des habitations ouvrières (que les ouvriers ne doivent plus guère habiter aujourd’hui), zone dans laquelle le petit chemin de fer au beau milieu de la route nous rappelle que nous sommes sur le territoire des chantiers, que notre passage n’est que toléré, mais qu’ici ce sont les énormes grues, le portique monumental, qui règnent en maître.
On croise essentiellement des ouvriers en bleu de travail, casque à la main ou sur la tête, gilet réfléchissant sur le dos, images qui semblent sorties d’un Germinal moderne…
J’aime ça. Il y a dans ces lieux, ces bâtiments, ces engins qui n’ont été construits que dans un seul but, celui de l’efficacité, du pratique, de rentable, une beauté presque “malgré eux”.
Je me souviens dans mon adolescence, d’une jeune femme qui me reconduisait chez moi. Passant dans ces rues aux maisons des années 50, sans charme, au crépis marron, au petits jardinets à bordures de ciment, au milieu desquels j’ai grandi, elle s’extasiait : “oh, mais c’est beau, par ici !” Et devant mes protestations (à l’époque, je concevais qu’on puisse trouver “beau” une façade haussmanienne, pas une maison cubique et vieillotte), elle avait précise : “oui, c’est peut-être moche mais ça a du cachet. Le cachet du moche, peut-être”. Vingt ans plus tard c’est une expression à laquelle je repense souvent, “le cachet du moche”. Je ne sais pas si elle s’applique aux chantiers ni aux maisons ouvrières qui les bordent; mais c’est cette expression qui m’est venue par analogie, en passant dans ces petites rues dans lesquels ne marchent que des ouvriers en tenue de sécurité, dans lesquels les agences d’intérim alternent avec les cafés aux devantures défraîchies, certains en l’état depuis les années 60 et dont on imagine bien qu’ils pourraient servir de décor à un roman de Simenon.
La “vraie” vie pour des milliers de gens, un objet exotique que je scrute avec nostalgie pour moi… Univers parallèles.

Categorie : promenons-nous
Par mes vies
Le 2 septembre 2014
A 20:29
Commentaires : 22