vacances littéraires
Je vous parlerais bien un peu de mes vacances, avec quelques photos des enfants à la plage, à la campagne, au pont du Gard, etc… mais hélas, je suis partie sans emporter mon lecteur de carte mémoire, et donc, les photos sont irrémédiablement coincées dans l’appareil photo. Alors, déjà, se fader les photos-souvenirs des vacances d’autrui, c’est chiant. Mais s’il faut en plus raconter ses vacances sans même les illustrer, franchement, j’ai peur de perdre mon (déjà très restreint) lectorat.
J’ai donc prévu de raconter mes lectures estivales, “en live” (ou presque) et de garder les photos de vacances pour la rentrée, ou (plus probablement) pour jamais, vu mon assiduité à ce blog.
Des deux mille et quelques pages lues depuis 15 jours, je ne vais pas tout résumer, il y a quand même un peu de déchet (si on ne peut plus lire des conneries sur sa chaise longue sans culpabiliser, où va-t-on).
Restons donc sur ce qui m’a plu et que je recommande chaudement.
- Chronique d’un château hanté, de Pierre Magnan, un folio qui ne vous ruinera pas mais vous procurera plaisir et culture, pour moins de 7 euros que demande le peuple ?? J’adore Pierre Magnan depuis mon adolescence, j’ai lu je pense tous ses romans ou presque. J’ai même fait faire à mes parents le “pélerinage” de Forcalquier (où il vit et où se passent la majorité de ses livres, à Forcalquier même ou dans les environs) pour voir de mes yeux les paysages qu’il sait si bien décrire. Celui-ci, je l’ai acheté il y a 2 ou 3 ans et les premières pages m’avaient rebutée, donc je l’avais laissé de côté. En effet, contrairement à la majorité de ses romans, ce n’est pas un “polar” au sens strict du terme, et on n’y retrouve pas son célèbre commissaire Laviolette. Il s’agit d’une histoire qui s’étend sur plus de 6 siècles. Elle commence à Manosque, où un jeune peintre de Mantoue arrive en même temps que la grande peste (nous sommes au 14ème siècle). Le jeune homme est témoin d’une étrange procession : une trentaine de nonnes qui amènent dans leur couvent un objet immense et soigneusement camouflé sous une bâche. Siècle après siècle, nous suivront le destins du couvent, détruit, puis du château qui sera érigé à la place, et du secret qu’il recèle et dont la nature ne nous sera révélé qu’à l’aube de la première guerre mondiale.
Il y est question des croisades, des chevaliers templiers et des hospitaliers, de la peste, de la famine, d’alchimie, des intrigues de Versailles, de la Révolution française, d’amour, de naissances et de morts… On est subjugué par la langue de Magnan, comme toujours; ce livre se lit lentement, on se délecte de chaque tournure de phrase, on brûle de connaître la suite, on s’attache à chaque personnage qui apparait au fil des siècles, et on jouit du privilège du lecteur : vivre 600 ans, connaître les tenants et les aboutissant de toute l’affaire, dont les différents protagonistes ne voient, eux, qu’un minuscule petit bout…
- Enfant 44, de Tom Rob Smith.
J’adore écouter les podcasts de Télérama. Mes préférés sont, en musique, “les sonos tonnent” (tribune de critiques autour des albums de chanson française, à la langue acérée), et en littérature, “cercle polar”, qui, comme son nom l’indique, nous tient au courant de l’actualité du roman noir et de la littérature policière. Grâce à Michel Abescat et aux critiques qui l’accompagnent, j’ai découvert plusieurs livres passionnants. Le dernier en date, c’est cet “enfant 44″ : l’auteur est un jeune américain (il tient de sa mère suédoise un côté jeune dieu viking, si vous ne me croyez pas faites donc une requête Google image, vous serez pas déçues.), mais son roman (polar ? Thriller ? je ne sais jamais à quoi on distingue l’un de l’autre.) se passe en URSS, dans les années 50. Léo est un officier du MGB (l’ancêtre du KGB). Il est convaincu de bien faire en arrêtant, torturant, accusant et condamnant sans cesse des centaines de personnes pour “activité contre-révolutionnaire”. Il se répète qu’il agit pour le bien du peuple; et qu’il vaut mieux 100 innocents condamnés qu’un seul criminel en liberté. (”criminel” pouvant désigner toute personne qui par exemple pourrait émettre le plus petit doute sur la perfection de la politique menée par Staline…). Mais la mort d’un enfant dont on tente de lui faire déguiser les circonstance exactes va venir tel un petit grain de sable gripper cette machine implacable. Et si le petit garçon avait été assassiné ? Et si il n’était pas la seule victime ?
On est emporté dans une magistrale histoire de serial killer, on assiste à deux retournements inattendus au cours de l’action qui rendent le livre vraiment palpitant. Avec en plus cette description fascinante et terrifiante de la vie sous Staline, du fonctionnement de la police politique, du régime de terreur, “nécessaire” selon ceux qui le mettent en œuvre (et qui, souvent, se retrouvent eux aussi accusés puis condamnés et exécutés pour espionnage ou autre…)
500 pages, lues en moins de 2 jours : un polar qu’on ne peut véritablement pas lâcher une fois qu’on est rentré dedans.
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