mes vies

blog multidirectionnel : mes vies de mère, de prof, de musicienne, de lectrice, de promeneuse, de dilettante en tout et spécialiste en rien… Et même mes vies de cuisinière, couturière et tricoteuse !

 

pétrole

Chaque matin quand je pars, chaque midi ou soir quand je rentre, je passe en train au beau milieu de la raffinerie de pétrole. Et deux fois par jour depuis un mois je me dis que j’aimerais vraiment savoir écrire pour pouvoir décrire ce que je vois, ou alors peut-être prendre des photos correctes, pour vous montrer.

C’est tellement surréaliste et fantasmatique… Le matin, il fait encore nuit, à peine une vague lueur rosée à l’horizon (et même pas du tout, en ce moment). On ne voit rien, tout est noir au dehors, et on sait qu’on arrive d’abord à l’odeur. Au début, on trouve que ça pue, cette odeur de pétrole ou d’essence; mais en fait à force, c’est presque une odeur agréable, très minérale, qui nous submerge, d’un coup.
Et puis juste après on entre dans la raffinerie, mais on ne voit rien, rien des tuyaux ni des cuves, seulement, de part et d’autres du train, des centaines de néons allumés, orientés dans des directions différentes. C’est vraiment indescriptibles, toutes ces lumières crues et blanches dans tous les sens, et rien autour, si on n’est jamais passé en plein jour on ne comprend pas où on est, ni ce que c’est… Et puis ça va très vite, à peine le temps de regarder d’un côté, un peu de l’autre, et ça y est, le train est à nouveau dans la nuit noire, l’odeur s’estompe très vite, ou alors on s’habitue et on ne la sent plus…

Je sais que je vais bientôt arriver, je range mon thermos de thé, je replie le journal gratuit si j’y ai jeté un œil, je m’apprête à descendre.

Au retour, en plein jour, (quand je termine à midi trente), on a l’impression de passer vraiment dans un monde complètement déshumanisé : les cuves immenses et les kilomètres de canalisations enchevêtrées, les énormes vannes, et partout, les fumeroles épaisses qui montent du sol… On pourrait se croire dans un film de science fiction, sur une autre planète…

Si je rentre le soir et que la nuit est déjà tombée, alors je vois de très loin les torchères qui brûlent, leurs flammes violentes, couchées par le vent, non pas rouges ou orangées mais veinées de noire.

Bref, cette raffinerie qui nous place en zone “Seveso 2″, cette raffinerie symbole de la société du pétrole, je la trouve très poétique; et j’essaie deux fois par jour d’en saisir une partie, mais le train passe vite au milieu, et j’ai beau m’y préparer, anticiper, regarder de tous mes yeux c’est toujours trop rapide, ou alors c’est moi qui suis trop lente, je ne parviens pas à décrire, à penser ce qui passe devant mes yeux…

(n’est pas Verlaine qui veut.)

Categorie : Non classé
Par mes vies
Le 16 décembre 2013
A 21:27
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