mes vies

blog multidirectionnel : mes vies de mère, de prof, de musicienne, de lectrice, de promeneuse, de dilettante en tout et spécialiste en rien… Et même mes vies de cuisinière, couturière et tricoteuse !

 

âmes sensibles s’abstenir…

Je n’avais jamais lu de romans d’Emmanuel Carrère, écrivain prolifique entre autre de l’Adversaire, La moustache, La classe de neige, etc… Je viens de finir D’autres vies que la mienne, son dernier roman. Je n’ai pas choisit de lire ce livre, je n’en n’avais pas entendu parler, je n’en connaissais pas le sujet, il s’est trouvé par hasard dans mes mains, au gré de la ronde livresque à laquelle nous nous livrons, ma mère, ma sœur et moi… L’une achète un livre, le passe à l’autre qui le refile à la troisième. Le tout peut prendre un mois ou un an, c’est selon…

Comme je ne pourrais pas, mieux que l’auteur, parler de son livre ni exprimer une partie des émotions que sa lecture à suscitée, je cite une partie de l’épilogue :

“Chaque jour depuis six mois, volontairement, j’ai passé quelques heures devant l’ordinateur à écrire sur ce qui me fait le plus peur au monde : la mort d’un enfant, pour ses parents, celle d’une femme jeune pour ses enfants et son mari. La vie m’a fait témoin de ces deux malheurs, coup sur coup, et chargé, c’est du moins ainsi que je l’ai compris, d’en rendre compte. Elle me les a épargnés, je prie pour qu’elle continue. J’ai quelquefois entendu dire que le bonheur s’appréciait rétrospectivement. On pense : je ne m’en rendais pas compte, mais, alors,  j’étais heureux. Cela ne vaut pas pour moi. J’ai longtemps été malheureux, et très conscient de l’être; j’aime aujourd’hui ce qui est mon lot, et je n’y ai pas grand mérite tant il est aimable, et ma philosophie tient tout entière dans le mot qu’aurait, le soir du sacre, murmuré madame Letizia, la mère de Napoléon : “Pourvou qué ça doure”. 

Et une des phrases qui m’a le plus fait pleurer, dans cette vallée de larmes que fut le dernier quart du livre : Juliette, la jeune femme qui meurt d’un cancer en laissant ses filles de 6, 4 et 1 an : “Ce n’est pas possible. Elles ont trop besoin de moi. Personne ne les aimera jamais autant que moi”.

Et bien sûr, tout du long, j’ai repensé à l’agonie de Johanne, l’hiver dernier… à ses enfants… Au petit A. dont la maman, Roxane, est morte alors qu’il n’avait que 9 mois… À cette espèce d’angoisse gluante qui m’étreignait  aux dernières vacances de février, quelques jours après la mort de Johanne, en réalisant que je n’étais pas immortelle, et que comme tout le monde je pouvais disparaitre du jour au lendemain, et que mes enfants devraient alors grandir sans moi… Je ne sais pas comment on peut grandir sans cet amour là, je ne sais pas comment ceux qui restent font en sorte que ce soit possible, même si l’image de la famille de Juliette après sa mort que dresse Emmanuel Carrère est loin d’être une image désespérée, même si les petites filles dont il parle se construisent “malgré tout” grâce à leur père, autour du souvenir de leur maman, souvent évoquée, par la parole, les photos, les visites au cimetière…

J’ai en tout cas très envie de lire L’Adversaire,  le roman sur le fameux Jean-Claude Romand, le mythomane qui a tué sa famille car il ne pouvait pas supporter de voir la vérité détruire la vie qu’il s’était inventée, vie de médecin, travaillant à l’OMS, malade d’un cancer…

Categorie : livres
Par mes vies
Le 11 septembre 2009
A 13:48
Commentaires :
 

2 Comments for this post

 
elizabeth Says:

Tu sais, passionnée de santé environnementale, j’ai fini par tombé sur les problemes de cancers et de leucemie, et de fait, de connaitre l’injuste et effroyable “histoire” de johanne. j’ai aussi un gars de mon ancien équipe au boulot qui a perdu son gamin de 6 ans d’une tumeur au cerveau. et j’ai aussi perdu une copine d’enfance de 31 ans , dont la route a “croisé” à 8h du matin un camion dont le chauffeur s’était endormi,elle en est morte projete a l’arriere sur les genoux de sa filette de 6 ans qu’elle emmenait à l’école…. alors, a chaque fois que mes enfants me poussent à bout, je pense à leurs enfants à Elles, qui ne sont plus là pour les proteger, pour les consoler, et je mesure la chance que nous avons d’être en vie. bien sûr que le fait d’avoir des enfants modifie notre façon de voir la vie, notre engagement professionnel, mais à la veille de reprendre le boulot après 5 ans de congé parental, au travers des ces vécus proches ou via des blogs j’ai de façon demesurer encore plus apprecier d’être là pour mes petits. notre souffrance bien réelle d’enfantement semble tellement broutille face à des drames comme ça. et aujourd’hui, ces rencontres, sont des lumieres sur mon chemin. lorsque je ne sais pas trop quelles decisions prendre, j’ai bien souvent l’esprit qui “part” vers ces disparus injustes et je mesure la chance d’être en vie et m’aide a prendre le chemin
qu’il faut.

 
 
wonderlaurence Says:

Je ne sais pas ..; peut être je ne suis pas vraiment “normale”, mais les jours “durs, trop durs”… moi au contraire je pense que si je devais mourir aujourd’hui la vie serait finalement plus facile pour mes enfants… qu’ils seraient plus heureux sans moi… comme si la mort suffisait pour effacer mon côté sombre et le mal que je peux leur faire dans ces jours là et tous les autres jours… Par contre, leur mort à eux ça… on ne peut pas survivre à la mort d’un enfant. on vit mais on est mort dedans… je le sais je l’ai vu dans le regard de mon oncle quand mon cousin de 25 ans est mort d’une rupture d’anévrisme. je l’ai vu dans le regard de ma cousine dont le fils est en rémission après son deuxième cancer du cerveau… désolée les filles soirée noire.

 

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