Une de plus en moins
Et on en est déjà là. C’est déjà les touristes tard le soir aux terrasses des crêperies le long du port du Croisic, déjà les robes légères, les shorts, les polos, les pulls posés sur les épaules et les manches attachées ensemble, déjà les sandales et les chaussures en toile, déjà les balades le soir sur la plage.
Cette année j’ai travaillé à l’intérieur des terres, j’ai un peu perdu le pouls de la presqu’île (l’année dernière je passais matin et soir devant le camping pour aller au collège, qui était à 300 mètres de la plage, les touristes je les ai vu arriver, l’été je l’ai senti venir, la sortie “La Baule” embouteillée le vendredi soir, les lunettes de soleil quand j’allais au conseil de classe pour ne pas avoir le soleil couchant dans les yeux…) je n’ai pas vu l’été arriver et il est déjà là. Dans 15 jours le fest-noz de Kervalet, le premier de la saison en plein air (enfin probablement pas le premier de la saison… mais celui qui pour moi est un véritable repère, toujours le dernier samedi de juin, le premier fest-noz où on danse avec des touristes, le feu de la St Jean, les rond paludiers)…
Et toujours, avec juin, ce petit pincement, ce “déjà ?”. L’année est passée si vite. Et pourtant non, pourtant ces jours qui s’enfilent les uns après les autres, ces longues semaines, c’est quand déjà les vacances. Mais quand on y est c’est comme si tout ça n’avait duré qu’une seconde.
À la fin de ma toute première année scolaire en tant que prof, après les dernières réunions, après le départ des élèves, après les classes rangées, les casiers vidés, les bureaux déblayés, les chaises empilées, un collègue, plus proche de la fin de sa carrière que du début, avait dit “Allez, une de plus en moins”.
Voilà, on y est, encore une fois, “une de plus en moins”.