mes vies

blog multidirectionnel : mes vies de mère, de prof, de musicienne, de lectrice, de promeneuse, de dilettante en tout et spécialiste en rien… Et même mes vies de cuisinière, couturière et tricoteuse !

 

la taille de mon âme

La chanson du moment, c’est une chanson de Daniel Darc (un chanteur selon mon cœur : un chanteur français, à texte (et pas à voix), qui murmure des chansons pas énervées…). La chanson éponyme de son dernier album, “La taille de mon âme”.

Ce que j’adore :

- le texte : Une énumération qui fait penser à celle de Bardot dans le mépris : “Si tu savais mes yeux… rien… Si tu savais mes mains… rien… Si tu savais mes reins… rien…”, avec la voix parlée du chanteur; ou plutôt sa voix susurrée devrais-je dire…

- l’accompagnement : sur une valse jouée au piano, une mélodie au saxophone, lente, lyrique, entêtante, avec un (tout) petit quelque chose de la fameuse valse de Chostakovitch. (si, celle de la pub pour les assurances je sais plus quoi, qui a fait un tabac, le pauvre compositeur ne s’y attendait surement pas, à celle-ci !). Encore une chanson à trois temps, comme “majorette” de Bénabar… Finalement, elles ne sont peut-être pas si rares que ça… Cette valse est en mode de la, mode mineur sans sensible comme on dit à la fac de muzicologie, mais pour le commun des mortels, c’est un mode qui donne l’impression d’une légère tristesse, d’une douce mélancolie, sans tension, sans la moindre dureté…

- le refrain, où le chanteur chante (incroyable !) cette fois, sur la fameuse mélodie, “Si seulement tu savais la taille de mon âme”… Et là, en moins de dix mots, une atmosphère, toute une histoire, des sentiments universels… Le miracle d’une chanson, la magie d’un seul vers qui dit tant avec si peu.

Et au début comme à la fin de la chanson, des extraits de dialogues tirés des “enfants du Paradis”, avec le fameux “Paris est tout petit pour ceux qui s’aiment comme nous d’un aussi grand amour”, prononcé par Arletty de son ton ironique à Frédéric qu’elle vient de rencontrer; et le magnifique “-Que vous êtes belle ! -Je suis pas belle, je suis vivante, c’est tout…”

(certes, ces bouts de dialogues cultes de films cultes ça fait très Vincent Delerm, sauf que Vincent Delerm cite la nouvelle vague, et Daniel Darc remonte un peu plus loin dans le temps. Subtile différence, me direz-vous… )

Bon, assez disséqué. Cette chanson est belle pour tout ça, mais elle est belle même sans qu’on ai conscience de tous ces éléments superposés… À vous de juger :

(et j’ajoute, comme je viens de le découvrir à l’instant, que Daniel Darc qui n’est pas le quart d’un imbécile, a traduit en français quelques uns des derniers livres de Burroughs…)

Categorie : la chanson du jour
Par mes vies
Le 18 janvier 2012
A 14:00
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au départ…

Depuis des années, à chaque annonce de la grille de rentrée de France Inter, je m’indigne, je m’agace… Comment, tel animateur que j’adore, telle émission à laquelle je suis accro, déprogrammée ? Disparue ? Déplacée à un horaire où je n’écoute jamais la radio ??

Je promets, “c’est bien fini”, je n’écouterai plus Inter, c’est bien fini. Et puis, les habitudes ont la peau dure, le vieux poste avec sa molette imprécise décourage le zapping, les jours de grève achèvent de me convaincre que c’est pire ailleurs…

Mais pas cette année. Trop, c’est trop. La matinale est archi nulle, les “humoristes” ne me font absolument pas rire, et la tranche du midi que j’écoute depuis Laurent Ruquier (ça doit faire 20 ans ou plus) est devenue, avec Giordano, insupportable.

À l’époque du lycée, je bidouillais avec un programmateur et une cassette audio pour enregistrer “rien à cirer” pendant que j’étais en cours, histoire de ne pas louper la chronique de certains de mes chroniqueurs préférés. Aujourd’hui, le podcast est là et il suffit d’un clic pour écouter quand bon nous semble telle chronique ou telle émission.

Donc, je podcast l’indispensable François Morel, Daniel Morin qui n’est pas toujours très fin mais persiste à m’amuser, le masque et la plume bien évidemment. Pour le reste, je pioche, au gré du temps libre qui me reste et du sommaire des émissions… Parfois une revue de presse, parfois un peu de Philippe Meyer… Mais France Inter ne fait plus partie de ma vie. La molette du poste est maintenant figée sur France Musique.

Du coup, j’ai aussi plus de “temps” pour écouter les podcasts d’autres horizons. Ceux de Telerama radio, en particulier, que j’aime vraiment beaucoup, et spécialement “les sonos tonnent”, une tribune des critiques de disques “chanson française”.

Ils ne se prennent pas au sérieux, mais leurs avis sont intelligents, souvent féroces, sans pitié ni complaisance… Tout ce que j’aime. (qui a dit : “méchant” ?)

Et grâce à eux je découvre de temps en temps des albums, des chanteurs qui m’échapperaient complètement sinon. Cette année, grâce aux Sono Tonnent j’ai découvert Alex Beaupain et son “pourquoi battait mon coeur”.

Tout ce que j’aime, un interprète à la voix “naturelle”, chaleureuse, expressive… Des textes qui nous touchent, qui parlent de nous (nous les bobos trentenaires, je veux dire. OK, des textes qui parlent de moi…)

Des arrangements  très simples, réduits à leur plus simple expression (souvent juste un piano et une rythmique discrète) : les harmonies sont riches et originales, alors pas besoin de débauches de violons dégoulinants ou de guitares hurlantes.

Se dégage de cet album un climat un peu mélancolique… On a l’impression d’un chanteur un peu “détaché”, revenu de beaucoup de choses… Sans nostalgie excessive, non plus. Bref, le blues accompagné d’assez d’auto-dérision pour ne pas sombrer dans le pathos.

La chanson éponyme, “pourquoi battait mon cœur”, en est l’illustration parfaite. Mais ma chanson préférée sur cet album (et je crois en avoir déjà parlé ici à l’époque où j’avais acheté l’album ??? À moins que ce ne soit ailleurs…), c’est “au départ”.

Une chanson qui parle, encore une fois, du sujet le plus éculé du monde : l’amour qui s’use avec le temps. Mais Beaupain traite cette histoire sur un mode original : il utilise les mandats de François Mitterand comme métaphore de son histoire d’amour :

Au départ au départ
Tu sais c’est comme pour nous deux
J’y croyais sans trop y croire
Au départ c’est toujours mieux

Et puis la rigueur et puis les mots qui blessent, les tensions
Moi c’est moi, lui c’est lui et la cohabitation

Et c’est vraiment bien trouvé, ces mots qui peuvent être utilisés aussi bien dans le commentaire politique que dans la description d’une relation amoureuse…

Le tout sur un arrangement un peu pop, avec un petit riff de guitare simplissime (3 notes, au chromatisme inquiétant et tendu).

Categorie : la chanson du jour
Par mes vies
Le 11 janvier 2012
A 15:05
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bonne année et bonne san-thé

Parmi les cadeaux reçus à Noël, (et, oui, fin du suspens, les Kundera étaient bien sous le sapin, avec le petit agenda, illustré des dessins à l’encre de Michaut…), en voici un qui m’accompagne toute la journée :


J’adore ces mugs “penguin”, j’ai aussi celui d’Agatha Christie, “The Body In The Library”… Il en existe quelques autres que je m’achèterais bien, pour compléter la collection… en fonction des auteurs que j’aime : “My Man Jeeves“, “Wuthering Heights”, “Pride and Prejudice”…

Categorie : livres, fashion victim
Par mes vies
Le 7 janvier 2012
A 10:34
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Le jour où j’ai rencontré Poulenc

rencontré la musique de Poulenc, bien sûr. (non, parce qu’il est mort en 1963… soit 15 ans avant ma naissance, quand même)

Donc, si vous m’aviez demandé il y a 10 ans quel est mon compositeur préféré, j’aurais répondu “Poulenc”. 90% par amour vrai et absolu pour la musique de cet homme, 10% par snobisme, parce que répondre Mozart, Bach ou Beethoven c’est bien trop convenu.

Aujourd’hui, je serais bien incapable de donner un nom et un seul. J’aime beaucoup de compositeurs (beaucoup plus qu’il y a 10 ans), et Poulenc fait toujours partie du “groupetto”.

Je pensais que j’avais plus ou moins toujours aimé Poulenc. Mais ce matin, une partie de mon enfance vient de me sauter à la figure (humaine), et je me suis souvenue de ma rencontre avec Poulenc.

(*fin du préambule*)

Quand on m’a prêté pour la première fois un violon, j’étais donc en classe de 5ème, en CHAM, (classes à horaires aménagés musique), je faisais 3 heures de solfège par semaine au conservatoire (époque où le solfège s’appelait encore du solfège… Matière que j’adorais et où j’ai toujours réussi facilement). Cette année-là, j’étais donc en “élémentaire B”, soit 7ème année de solfège (aujourd’hui ça fait vraiment ancien combattant…) et notre manuel de chant n’était pas un de ces recueils édités par Billaudot, mais un ensemble de chants sélectionnés par les enseignants du conservatoire, copiés à la main, et agrafés ensemble sous une couverture bleue unie. En 9 années de solfège, plus 3 années de “sup” pour avoir mon prix, il m’en est passé un paquet, de livres de chant. Mais je ne me souviens que de celui-ci, dont j’ai adoré chaque chant ou presque. C’étaient des chants issus du répertoire, souvent avec les paroles, et toujours plaisants à chanter.

Et c’est dans ce livre-là que j’ai joué mes premières mélodies au violon, parce que les chants proposés étaient assez simples pour mes premiers pas avec cet instruments, et, surtout, qu’ils me plaisaient.

Aussi, en septembre, c’est ce livre-là que j’ai commencé à chercher dans les cartons de partitions, avec pour objectif de rejouer quelques unes des mélodies qu’il contenait et dont j’avais gardé le souvenir. Mais je n’ai pas réussi à mettre la main dessus, ni en septembre, ni en octobre, ni… Jusqu’à ce matin. Cherchant un carton vide pour envoyer des cadeaux de Noël en retard (appelons ça des étrennes), mes yeux se posent sur un carton de livres de solfège, ouvert, en évidence. J’ai dû fouiller dedans déjà dix fois… Pourtant, j’y replonge. “A charm of Lullaby”, “les amours du poètes”, des recueils de mélodies. Et là, juste en dessous… Bingo, le livre à la couverture bleue.

Sur la première page, des indications de coups d’archets et de doigtés, de la main de la camarade violoniste qui s’est chargée de mon initiation à cet instrument.

Je feuillette un peu plus loin, et là : “la reine de coeur”. Une courte mélodie de Poulenc. Et plus de 20 ans plus tard, je suis encore capable de la chanter entièrement, avec les paroles. Et me revient en mémoire, précisément, cet émerveillement en découvrant cette musique, dans cette classe de solfège du conservatoire de Nantes.

Les paroles, d’abord, de Maurice Carême : “mollement accoudée, à ses vitres de lune, la reine vous salue d’une fleur d’amandier. C’est la reine de cœur, elle peut s’il lui plait vous mener en secret vers d’étranges demeures où il n’est plus de portes, de salles ni de tours, et où les jeunes mortes viennent parler d’amour. La reine vous salue, hâtez-vous de la suivre, dans son château de givre aux doux vitraux de lune”.

Ces jeunes mortes qui viennent parler d’amour ont longuement peuplé mon imagination (et ce, bien avant Twilight). Et cette reine séduisante et inquiétant, en un mot fascinante, dont les deux facettes sont merveilleusement illustrée par la musique, par l’accompagnement au piano…

Et ce “final de picardie”, (comme dit mon prof d’harmonie, argentin, qui a des expressions poétiques plein les poches)…

Bref, c’était, je crois, mon premier Poulenc. C’est le premier Poulenc dont je me souvienne, celui qui m’a fait aimer Poulenc.

Depuis, il y en a eu bien d’autres : les “dialogues des Carmélites”, joués à l’opéra de Nantes avec les élèves de la classe de chant, qui reste mon opéra favori (enfin… UN de mes opéras favoris), la sonate pour clarinette et basson, le sextuor avec lequel j’ai obtenu mon prix de musique de chambre, les litanies à la Vierge Noire, les motets avec le petit choeur dont je faisais partie à Toulouse… Poulenc est l’un des musiciens les plus présents de ma vie de musicienne.

J’ai bien conscience que parler de Poulenc sur un blog qui fut initialement un blog de tricot risque fort de semer la confusion parmi mon lectorat. D’ailleurs, ce matin, en retrouvant mon livre bleu et mon premier Poulenc, comme les mots de ce billet se formaient dans ma tête, je me disais que c’était un peu ridicule, que ça n’intéresserait que moi.

Et puis… Et puis j’ai réalisé que demain, nous serions le 7 janvier. Le 7 janvier, anniversaire de la naissance de Poulenc. (il y a deux musiciens dont je connaisse la date de naissance, Poulenc et Mozart. Pourquoi ? parce que les deux sont nés au mois de janvier, comme moi… )

“f’est un figne !!!” disait à tout bout de champs mon premier prof d’harmonie, féru de coïncidences numériques.

Donc voilà, un billet  (un de plus) qui n’intéresse que moi, en ce jour anniversaire de la naissance de Poulenc… Avec en bonus Felicity Lott qui chante la “reine de coeur”. J’ai bien cherché une version sur youtube, mais je n’y ai pas trouvé mon bonheur (interprétation horrible, ou prise de son horrible, ou les deux le plus souvent…)

(Disc 2) 04 - La Courte Paille - 3. La Reine de coeur.mp3

Categorie : musique
Par mes vies
Le 6 janvier 2012
A 22:09
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familles

Éléa me dit “moi, je tire la langue à tous ceux qui ne sont pas de notre famille !”. “Ha bon ?” je réponds distraitement, et elle de commencer à énumérer les membres de sa “famille” : “Oui, moi je tire la langue à tout le monde, mais pas à toi, à papa, à Malo, à Alban, à grand-père et grand-mère…”

(enfin sur la photo, on constate que si elle ne tire pas la langue à Alban, en revanche elle semble prête à lui montrer ses crottes de nez… )

Finalement “famille”, c’est comme “photo”, ça peut désigner plusieurs choses différentes. De toutes façons on (et je) me reproche de ne pas avoir “l’esprit de famille”, je laisse se défaire des liens “du sang” par flemme, par négligence… Par manque d’affinités parfois aussi. GérardKlein est peut-être pire que moi, dans ce domaine. Des années et des années qu’il n’a revu aucun de ses cousins germains. En revanche, notre attachement indéfectible à certains cousins au trente-douzième degré, que nous appelons tous les mois, que nous visitons au moins une fois par an, prouve (enfin, est-il besoin de prouver ce qui est un parfait cliché…) que la famille “proche” l’est avant tout par l’affection qui est portée, plus que par la proximité du degré de parenté…

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Revoir les vieux amis, (je n’ai pas l’âge d’avoir des “amis de trente ans”, mais j’ai déjà des “amis de 15 ans”, oh la vache) ça a ça de bon qu’on peut se remémorer pour la énième fois nos anecdotes communes sans jamais se lasser. Et comme on essaie, malgré les kilomètres, de ne pas laisser passer trop de temps sans se revoir, on rajoute chaque année ou presque des épisodes à la saga amicale. Les fous rires de l’année dernière font déjà partie de l’histoire. Les sujets de conversation de cette année nous reviendront en mémoire l’année prochaine, il suffira d’un mot pour qu’on se comprenne.

C’était le nouvel an, mais qu’importe, ça pourrait être le 24 novembre ou le 16 février. D’ailleurs, on était tout le temps dehors, on a même déjeuné au jardin, ça aurait aussi bien pu être en juillet.

On a fait du feu, et pas seulement pour griller les magrets. On a bu du vin, on a mangé du gâteau (une débauche de gras et de sucre, en passant), des huîtres. On a raconté les bêtises habituelles. Et tout ça avec un petit goût de dernière fois, puisque c’était là dernière fois à cet endroit là.

Et quand on a repris le chemin de la maison j’avais un peu de chagrin.

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Et tout le temps, j’avais dans la tête cette chanson de Sheller, “revenir bientôt”, surtout quand nous avons fait notre pèlerinage dans le quartier de Toulouse où nous avons tous vécu à l’époque où nous étions étudiants, avant la naissance de nos enfants…

 
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Des papiers légers s’envolent encore dans la ville
Et je suis déjà loin devant
Du haut de ta rue vers les jardins tranquilles
Et leurs chemins de sable blanc

Je marche au soleil qui refait le monde
Chaque jour d’un ciel nouveau
Comme un nuage va ma vie vagabonde
Comme un mirage au fil de l’eau

J’ai tant besoin de revoir tant d’images
Dont la mémoire me fait défaut
Je vais reprendre un déjà bien long voyage
Dont je ne pense pas revenir bientôt

Les oiseaux légers qui se forment en file
Se laissent emporter par le vent
D’ici la route est un peu plus difficile
Au fil des jours au gré du temps

Je vais sous la pluie qui nourrit le monde
Et se perd dans les ruisseaux
J’entends les histoires du tonnerre qui gronde
Et pleure au long des arbres hauts

Etait-ce utile de rester davantage
Fallait-il se dire à tantôt ?
Je vais reprendre un déjà bien long voyage
Dont je ne pense pas revenir bientôt

Si d’aventure j’ai laissé quelques traces
Elles s’en iront comme tout là-haut
Les longs traits blancs derrière les avions qui passent
Oh je ne pense pas revenir bientôt

 

Categorie : scène de la vie de famille, musique
Par mes vies
Le 2 janvier 2012
A 13:49
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