mes vies

blog multidirectionnel : mes vies de mère, de prof, de musicienne, de lectrice, de promeneuse, de dilettante en tout et spécialiste en rien… Et même mes vies de cuisinière, couturière et tricoteuse !

 

Chamboule tout

Lorsque tu reçois le premier formulaire d’inscription, pour la kermesse de l’école, tu coches la case “apportera un gâteau”, et basta. Le montage des stands à l’aube, l’animation pendant des plombes, et le démontage nocturne, tout ça c’est pas ton truc. Toi tu détestes les fêtes d’écoles depuis toujours (même quand tu étais toi-même écolière tu détestais déjà ça), trop de monde, trop de bruit, mauvaise musique hurlant dans les enceintes, odeurs de friture, etc.

Vient ensuite le deuxième message. Celui qui te fait culpabiliser. “Devant le trop faible nombre de parents qui ont souhaité s’engager pour animer la fête de l’école, l’amicale laïque ne sera pas en mesure de proposer aux enfants toutes les activités dont ils ont l’habitude, C’EST TA FAUTE, LES ENFANTS VONT ÊTRE TRISTES À CAUSE DE TOI, REMPLIS LE TABLEAU METS TON NOM DANS UNE CASE”.

Donc tu culpabilise et tu inscris ton nom dans une case. Au départ tu choisis “montage”. Parce que c’est le matin, à la fraîche. Parce que ça peut être sympa et même convivial. Parce que ça se fait en petit comité, et entre adultes.

Puis quelques jours plus tard tu reçois ta convocation pour surveiller le brevet. Ha, crotte de zut, tu l’avais oublié celui-là. Le vendredi matin en question.

La mort dans l’âme, il te faut accepter de tenir un stand.

Donc, tu as le choix entre : maquillage (demande une expertise artistique et technique que tu ne possèdes pas), course en sac, château gonflable (les enfants vont se bousculer et il va falloir faire la police, très peu pour toi), pêche à la ligne (idem, c’est un stand qui a trop de succès, ça va se finir avec un petit qui plantera son hameçon dans l’œil d’un autre… Ou au mieux, avec huit lignes emmêlées de façon inextricable), tirs au but (du foot… même pas en rêve), ou chamboule-tout.

Bien sûr tu choisis chamboule-tout.

D’abord, personne ne va venir jouer au chamboule-tout. C’est naze. Balancer une balle pour faire tomber des boîtes de conserves, ça amuse les gosses, ça ??

Ensuite, quand bien même un ou deux gamins tenteraient l’aventure, c’est pas bien compliqué. Tu leur files la balle, ils tirent, done.

Donc bon, va pour chamboule-tout. Tu t’inscris de 16 à 17 heures. Une heure, c’est le maximum dont tu puisses faire don, en cette période, et dans ces circonstances.

Le jour arrive, il fait beau, chaud, et même très chaud, beaucoup trop chaud.

Tu rejoins ton stand à 16 heures, pile-poil. Tiens, t’es toute seule. Dans le tableau, il y avait un autre nom. Mais bon. Un premier enfant veut jouer. Un enfant à toi. Tu lui files les 6 balles dont le stand est équipé. L’enfant vise, lance, rit, les boites de lait en poudre s’effondrent dans un grand fracas. L’enfant est ravi. Son copain s’approche, il veut jouer aussi. Tu ramasses les 28 boîtes. Tu les empiles. Tu tends les balles à l’autre enfant. Vise, tire, rit, boum, ramasse, empiles. Balles. Et encore, et encore. La table a été placée dans l’angle de la tente. Il te faut donc ramper dessous pour ramasser les boîtes. Il fait chaud. Les enfants n’attendent même plus que tu aies fini de replacer toutes les boîtes pour lancer les balles. Ramasse, par terre. Sous la table. Encore. Il fait chaud, très chaud. Une autre maman s’approche, c’est elle qui doit partager le stand avec toi, sans doute. “Bon, désolée, mais X. a une réunion de dernière minute au travail, tu es toute seule jusqu’à 5 heures, ça ira ?”.
Tu es en sueur, tu as mal au dos à force de plonger sous la table pour ramasser les boîtes et les balles. Les enfants font la queue devant ton chamboule-tout parce que “c’est gratuit”. À cinq heures dix, un papa arrivera sur le stand. Tu pourrais partir. Tu devrais. Mais tu as des scrupules à le laisser seul lui aussi, avec les boîtes qui tombent et qu’il faut ramasser encore et encore.
La réunion de l’autre maman s’éternise, et elle s’était inscrite jusqu’à 6 heures…

Le chamboule-tout, plus jamais.

Categorie : scène de la vie de famille
Par mes vies
Le 26 juin 2015
A 20:57
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