Loulou
Nous, on a “le choix du roi”. Entendez : on a deux enfants, un garçon et une fille. Bon, j’ai souvent été assez confuse devant cette expression (que j’ai entendue jusqu’à plus soif) : en effet, s’il est bien un domaine où le roi ne choisit pas plus que le dernier de ses sujet, c’est bien celui-là.
Enfin bref.
Donc, je croyais qu’on en avait fini avec les “choix du roi”, mais non, des personnes (de la génération au-dessus de la mienne, j’ai espoir qu’avec le temps on finisse par l’oublier) m’ont redit le week-end dernier : “Alors, vous envisagez pas un petit troisième ?” et comme là tout de suite, j’envisage pas de petit troisième, “Mais bon, c’est vrai, vous avez le choix du roi”.
Sachez, enfant de n’importe quel sexe, né après un garçon et une fille (ou une fille et un garçon, ça marche aussi même si c’est moins bien), que vous êtes un accident. Car il est bien entendu que quand on a “les deux”, on s’arrête là. Et c’est tout.
(”les deux” étant aussi un euphémisme utilisé pour “le choix du roi”. J’ai même entendu à la naissance d’Éléa : “Ah ben ça y est, maintenant tu as “le couple”. J’avoue avoir tiqué, quand même, et n’avoir pas pu m’empêcher de répondre que les humains, contrairement à un élevage de lapin, ne se reproduisait généralement pas entre frères et sœurs, et que donc on ne pouvait pas qualifier mes enfants de “couples”. “Paire”, à la rigueur…)
Inversement, il semblerait que si vous êtes du même sexe que votre aîné(e) vous ne soyez rien d’autre qu’un échec. Une tentative ratée de faire “le couple”, “les deux”, “le choix du roi”.
Bien sûr, les parents qui ont deux enfants du même sexe, eux, sont parfaitement fondés à mettre au monde un troisième enfant, histoire de réussir à avoir enfin “les deux”.
Bref, tout ça pour dire que dans l’esprit de certaines personnes, la SEULE et unique raison qui vous pousse à faire ou à ne pas faire un autre enfant quand vous en avez déjà, c’est cette histoire de sexe. (sexe de l’enfant, on est d’accord).
Il semblerait que toute autre considération sur l’équilibre familiale, votre envie personnelle, vos préoccupations matérielles soient totalement secondaires…
Et donc, comme nous on a “les deux”, on ne peut plus avoir d’enfant sans se “répéter”. On a donc finalement choisit d’innover, et d’accueillir dans notre famille de l’inédit : un chiot.
Comme c’est l’année des i, on a décidé de l’appeler Loulou (moi je préfère l’écrire Lulu, avec prononciation à l’allemande, mais c’est par snobisme uniquement).
Ikéa ou Ictère étaient mes premiers choix, mais déjà à 2 c’est pas facile de se mettre d’accord sur un prénom pour un enfant, alors à 4 ça a été dur. Genre les débats à l’assemblée pour le mariage pour tous, c’était de la gnognotte à côté. Et j’ai entendu des arguments qui m’ont fait mal, croyez-moi.
Après 800 bornes en voiture pour la remonter de son Ariège natale, et presque 48 heures parmi nous, j’ai déjà compris le sens de l’expression “suivre comme un petit chien”. Loulou, qui est âgée de deux mois, est grosse environ comme une crotte de saint-bernard. Quand je lui marche dessus, malgré ma sveltesse et mon agilité légendaires, ça ne doit pas lui faire du bien. Mais elle n’a toujours pas compris que s’écarter de mes pieds d’environ 20-30 cm lui permettrait de s’éviter ces désagréments… Donc : soit elle dort (SUR mes pieds, de préférences… enfin je vous rassure, pas la nuit !), soit elle me suit (même si le verbe suivre est impropre dans ce cas là. Elle ne me suit pas, elle ne me précède pas. Elle marche entre mes deux pieds…)