fictions
Je n’écoute jamais la radio entre 20h et 21h, sauf le dimanche soir, où c’est l’heure du Masque & la plume.
Mais là, ce soir, des circonstances inhabituelles, des horaires inhabituels, je tourne le bouton du poste, et j’entends une voix de femme.
Je ne sais pas qui elle est, je ne sais même pas de quelle émission il s’agit. Je n’ai pas entendu le début, je n’entendrai pas la fin.
Ça parle de livres.
Alors j’écoute, distraitement au début. Et puis quelques mots, et ces mots-là me racontent moi, ils racontent mon rapport aux livres, alors j’écoute passionnément, j’écoute de toutes mes oreilles, les enfants sont dehors et ça aussi c’est exceptionnel, je suis seule avec cette voix.
Cette voix qui dit, en substance :
“les livres de développement personnel, ils ont un discours objectif. Ils vous disent qui vous êtes, vous disent ce que vous devez faire. Tout le monde en fait la même lecture.
Ça ne m’intéresse pas.
Un roman, en revanche, chacun en fait une lecture différente. Et chacun y trouve ce qu’il y cherche, ce dont il a besoin.”
Ces mots qu’elle met sur le roman, la fiction, c’est ceux que je porte depuis toujours, sans les avoir jamais verbalisés.
Un roman me parle toujours de moi. Certains romans semblent n’avoir été écrits que pour moi. J’ai parfois l’impression que j’aurais pu en écrire chaque ligne, chaque mot; mais je ne suis pas naïve au point de me croire seule dans ce cas…
Et c’est ça au fond : un écrivain me parle de quelque chose, mais moi j’y lis autre chose, j’y lis ce que j’ai vécu, senti, observé…