Voilà que ma problématique du moment - “pour” ou “contre” l’école, pour résumer et shématiser grossièrement - refait surface… Entre 2 devis de déménageurs et 2 coups de fils à des agences de là-bas (”Non, on n’a rien, non on prend pas votre n° de téléphone, z’avez qu’à rappeler dans une semaine !”), mon fils à moi que j’ai, ma merveille, mon petit génie, revient de l’école avec une liasse de papiers sous le bras. Je prends la chose, et que vois-je ? “… ÉVALUATIONS…”
Donc voilà, ma merveille de tout juste quatre ans, en petite section de maternelle, vient d’être évalué. Sur tout un tas de trucs, qu’il a “acquis” selon sa maîtresse, ou qu’il est “en train d’acquérir”.
Déjà ça me plait pas trop… ces gosses sont encore a peu près insouciants, et PAN en leur faisant croire qu’ils s’amusent à colorier les lapins ou à entourer le chiffre 2, on les évalue à l’insu de leur plein gré (et de celui de leurs parents… franchement je n’imaginais pas une seule seconde qu’il y eut des évaluations en maternelle. Surtout en petite section.)
Ensuite, je lis un peu plus dans les détails, et voilà les SEULS commentaires de la maîtresse :
“Malo à tendance à faire que ce qu’il veut” (sic). Et toi t’as tendance à faire des fautes de français…
“Malo n’aime pas colorier”
la dernière : sur la ligne “est capable de produire un travail soigné”, elle a coché “eca” (”en cours d’acquisition” pour les non initiés) et elle a rajouté à la main “s’il le désire”.
Suit tout un “bilan” du langage, où la seule chose qui est mise en avant est le zézaiement de Malo.
Rien sur l’étendue de son vocabulaire ni son aisance à prendre la parole… Rien sur le fait qu’il sache dénombrer jusqu’à 5, additionner et soustraire dans la limite où le plus grand nombre ne dépasse pas 5 (”Tu vois maman, (me montrant les 2 gâteaux restant dans le paquet), si z’en avait pas manzé 2, il en resterait 4 !”)…
Rien de sympa ou de positif sur lui. Et ce tas de papiers va -c’est écrit dessus- le suivre toute sa scolarité. On pourra donc lire, quand il passera le bac, qu’il a acquis à l’âge de 4 ans des “compétences” telles que décrire une image en utilisant des adjectifs et des verbes d’action, dénombrer jusqu’à 3, appliquer les règles de politesse, prendre la parole spontanément, demander de l’aide à l’adulte, être autonome dans son travail, dans le rangement, savoir s’habiller seul, et j’en passe bien d’autres. On lira aussi qu’à l’âge de 4 ans il n’aimait pas colorier (et moi je ne le lis pas comme une simple constatation, mais comme un jugement : sinon elle aurait mis “il aime bien découper et coller mais pas colorier”… Non, juste “Malo n’aime pas colorier”. Et c’est mal. Il n’a pas le droit de ne pas aimer ça.), et qu’il ne faisait bien que les choses qui lui plaisaient.
Là encore, c’est un jugement négatif. Alors que pour moi c’est plutôt une bonne chose, qu’à 4 ans un enfant ait encore la possibilité de choisir de faire certaines choses et pas d’autres ! Il est à l’école pour devenir un citoyen capable de penser par lui-même, ou un ouvrier corvéable à merci ??
Bref, je suis dégoûtée, qu’un enfant de 4 ans soit non seulement évalué, mais jugé, déprécié, par sa maîtresse…
L’Homme était aussi remonté que moi… Il a carrément sa théorie sur l’utilité de telles “évaluations” : selon lui, elles ne sont là que pour plonger les parents dans la réalité du système éducatif, dans lequel leur enfant sera constamment jugé, et ses “faiblesses” (ou plutôt ses différences par rapport à ce qu’on attend de lui à cet âge précis) pointées du doigt, sans jamais que ses points forts ne soient mis en avant…
Ce soir il ne faudrait pas beaucoup nous pousser l’un et l’autre pour que, renonçant à nos “principes”, on prenne la décision d’instruire Malo nous-même ! ou plutôt de le laisser s’instruire seul, ce qui a toujours très bien fonctionné jusqu’à présent (cf le “cours” sur l’utilité de la côte de maille qu’il vient de m’infliger à l’instant… en général quand il me parle d’un sujet qu’on n’a jamais abordé ensemble, je lui demande “et où as-tu appris ça ?” il me répond invariablement “c’est grand-mère”, ou “c’est Clovis” (son copain) ou encore, plus fréquemment, “ze l’ai deviné tout seul”. -je vois pas pourquoi il va à l’école, il a la science infuse !!!)
Nous verrons l’année prochaine, dans une autre école (celle-ci est particulièrement “gratinée” de toutes façon) comment les choses se passent… Espérons qu’on va rencontrer des enseignants qui nous rendront notre foi en cette institution !