Le jour où j’ai rencontré Poulenc
rencontré la musique de Poulenc, bien sûr. (non, parce qu’il est mort en 1963… soit 15 ans avant ma naissance, quand même)
Donc, si vous m’aviez demandé il y a 10 ans quel est mon compositeur préféré, j’aurais répondu “Poulenc”. 90% par amour vrai et absolu pour la musique de cet homme, 10% par snobisme, parce que répondre Mozart, Bach ou Beethoven c’est bien trop convenu.
Aujourd’hui, je serais bien incapable de donner un nom et un seul. J’aime beaucoup de compositeurs (beaucoup plus qu’il y a 10 ans), et Poulenc fait toujours partie du “groupetto”.
Je pensais que j’avais plus ou moins toujours aimé Poulenc. Mais ce matin, une partie de mon enfance vient de me sauter à la figure (humaine), et je me suis souvenue de ma rencontre avec Poulenc.
(*fin du préambule*)
Quand on m’a prêté pour la première fois un violon, j’étais donc en classe de 5ème, en CHAM, (classes à horaires aménagés musique), je faisais 3 heures de solfège par semaine au conservatoire (époque où le solfège s’appelait encore du solfège… Matière que j’adorais et où j’ai toujours réussi facilement). Cette année-là, j’étais donc en “élémentaire B”, soit 7ème année de solfège (aujourd’hui ça fait vraiment ancien combattant…) et notre manuel de chant n’était pas un de ces recueils édités par Billaudot, mais un ensemble de chants sélectionnés par les enseignants du conservatoire, copiés à la main, et agrafés ensemble sous une couverture bleue unie. En 9 années de solfège, plus 3 années de “sup” pour avoir mon prix, il m’en est passé un paquet, de livres de chant. Mais je ne me souviens que de celui-ci, dont j’ai adoré chaque chant ou presque. C’étaient des chants issus du répertoire, souvent avec les paroles, et toujours plaisants à chanter.
Et c’est dans ce livre-là que j’ai joué mes premières mélodies au violon, parce que les chants proposés étaient assez simples pour mes premiers pas avec cet instruments, et, surtout, qu’ils me plaisaient.
Aussi, en septembre, c’est ce livre-là que j’ai commencé à chercher dans les cartons de partitions, avec pour objectif de rejouer quelques unes des mélodies qu’il contenait et dont j’avais gardé le souvenir. Mais je n’ai pas réussi à mettre la main dessus, ni en septembre, ni en octobre, ni… Jusqu’à ce matin. Cherchant un carton vide pour envoyer des cadeaux de Noël en retard (appelons ça des étrennes), mes yeux se posent sur un carton de livres de solfège, ouvert, en évidence. J’ai dû fouiller dedans déjà dix fois… Pourtant, j’y replonge. “A charm of Lullaby”, “les amours du poètes”, des recueils de mélodies. Et là, juste en dessous… Bingo, le livre à la couverture bleue.
Sur la première page, des indications de coups d’archets et de doigtés, de la main de la camarade violoniste qui s’est chargée de mon initiation à cet instrument.
Je feuillette un peu plus loin, et là : “la reine de coeur”. Une courte mélodie de Poulenc. Et plus de 20 ans plus tard, je suis encore capable de la chanter entièrement, avec les paroles. Et me revient en mémoire, précisément, cet émerveillement en découvrant cette musique, dans cette classe de solfège du conservatoire de Nantes.
Les paroles, d’abord, de Maurice Carême : “mollement accoudée, à ses vitres de lune, la reine vous salue d’une fleur d’amandier. C’est la reine de cœur, elle peut s’il lui plait vous mener en secret vers d’étranges demeures où il n’est plus de portes, de salles ni de tours, et où les jeunes mortes viennent parler d’amour. La reine vous salue, hâtez-vous de la suivre, dans son château de givre aux doux vitraux de lune”.
Ces jeunes mortes qui viennent parler d’amour ont longuement peuplé mon imagination (et ce, bien avant Twilight). Et cette reine séduisante et inquiétant, en un mot fascinante, dont les deux facettes sont merveilleusement illustrée par la musique, par l’accompagnement au piano…
Et ce “final de picardie”, (comme dit mon prof d’harmonie, argentin, qui a des expressions poétiques plein les poches)…
Bref, c’était, je crois, mon premier Poulenc. C’est le premier Poulenc dont je me souvienne, celui qui m’a fait aimer Poulenc.
Depuis, il y en a eu bien d’autres : les “dialogues des Carmélites”, joués à l’opéra de Nantes avec les élèves de la classe de chant, qui reste mon opéra favori (enfin… UN de mes opéras favoris), la sonate pour clarinette et basson, le sextuor avec lequel j’ai obtenu mon prix de musique de chambre, les litanies à la Vierge Noire, les motets avec le petit choeur dont je faisais partie à Toulouse… Poulenc est l’un des musiciens les plus présents de ma vie de musicienne.
J’ai bien conscience que parler de Poulenc sur un blog qui fut initialement un blog de tricot risque fort de semer la confusion parmi mon lectorat. D’ailleurs, ce matin, en retrouvant mon livre bleu et mon premier Poulenc, comme les mots de ce billet se formaient dans ma tête, je me disais que c’était un peu ridicule, que ça n’intéresserait que moi.
Et puis… Et puis j’ai réalisé que demain, nous serions le 7 janvier. Le 7 janvier, anniversaire de la naissance de Poulenc. (il y a deux musiciens dont je connaisse la date de naissance, Poulenc et Mozart. Pourquoi ? parce que les deux sont nés au mois de janvier, comme moi… )
“f’est un figne !!!” disait à tout bout de champs mon premier prof d’harmonie, féru de coïncidences numériques.
Donc voilà, un billet (un de plus) qui n’intéresse que moi, en ce jour anniversaire de la naissance de Poulenc… Avec en bonus Felicity Lott qui chante la “reine de coeur”. J’ai bien cherché une version sur youtube, mais je n’y ai pas trouvé mon bonheur (interprétation horrible, ou prise de son horrible, ou les deux le plus souvent…)
Bonjour ma belle…. Sache que je n’interviens jamais mais je te lis toujours.
Tu veux un autre signe ?!
Aujourd’hui, 7 janvier, c’est aussi mon anniversaire !!! Et j’adore Poulenc ! Mais je ne favais pas que j’avais fe figne entre lui et moi !
Moi, c’est sa Sonate pour Clarinette et Piano découverte assez tard qui me donne des frissons, qui m’a accompagné pendant un passage difficile de ma vie. Mais j’avais découvert Poulenc par le programme de l’option musique du bac en 1991 (Concert Champêtre) et j’ai illustré le diaporama du mariage d’un ami (celui qui m’a fait découvrir la Sonate) par l’Invitation au Château.
Je me disais juste avant de lire ton article que je me trouvais bien, coincée entre la naissance de Jeanne d’Arc et la mort de F. Mitterand…. mais là, tu viens d’éclairer ma journée !!!