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blog multidirectionnel : mes vies de mère, de prof, de musicienne, de lectrice, de promeneuse, de dilettante en tout et spécialiste en rien… Et même mes vies de cuisinière, couturière et tricoteuse !

 

chansons

De tous les genres musicaux, et artistiques, celui qui me touche le plus, c’est la chanson. Je suis toujours béate d’admiration devant ceux qui, en trois minutes, sont capables d’installer un univers, de raconter une histoire, de vous fredonner une mélodie qui vous restera en tête.

La chanson, c’est la quintessence de tout ce que j’aime, un condensé, une huile essentielle en somme. D’abord, un texte: une bonne chanson (ou même une chanson “moyenne”) est capable de vous raconter en 4 couplets et un refrain une vie entière, ou une tranche de vie, de vous emporter là où vous n’êtes jamais allé, ou, au contraire, de mettre les mots précis sur une émotion ou une expérience qui vous semble n’appartenir qu’à vous…

Ce texte, à côté duquel vous passeriez peut-être s’il était un parmi d’autres dans un recueil de poèmes, est porté par une mélodie, et chaque syllabe vous va droit au cœur, portée par la “bonne” note.

Pour que l’alchimie fonctionne parfaitement, il faut aussi une voix, une voix de préférence pas trop puissante, pas trop lyrique, très expressive, mais qui vous parait “naturelle”.

La “bonne” chanson, elle coule toute seule, et quand on l’entend, on se demande comment il est possible qu’un(e) autre l’aie “trouvée”, et pas vous. Alors qu’à l’évidence, elle parle de vous. Elle ne parle que de vous. Ne parle qu’à vous.

Ou elle décrit une situation que vous voyez tous les jours, et qui, d’un coup, à l’audition de la chanson en question, prend sens, prend “chair”.

J’ai une admiration illimitée pour les auteurs compositeurs qui parviennent à créer ces petits miracles… Et spécialement pour ceux qui renouvellent l’opération à l’envie.

Je prenais conscience de ça encore une fois, ce matin, en écoutant pour la première fois depuis bien longtemps peut-être mon album de chanson préféré (oui je sais, j’ai 7 ou 8 albums préférés… ça change au gré de mon humeur) : épures, de William Sheller. Une voix, sans artifice, une voix dont on se dit qu’on “pourrait chanter comme ça”, en l’entendant. Des textes poétiques, ciselés, pleins de nostalgie, de mélancolie, qui tournent tous autour du thème le plus rebattu du monde (l’amour perdu). Et un seul instrument, le piano. Dont les harmonies m’ensorcèlent, littéralement.

[et là, depuis cinq minutes je m’interroge : quelle est ma chanson préférée de cet album ? impossible de vraiment faire un choix… Peut-être revenir bientôt ? avec son intro chromatique au piano, sa deuxième voix à la tierce, ultra traditionnelle mais ô combien efficace, et, toujours chez Sheller, la poésie du texte :

“Etait-ce utile de rester davantage
Fallait-il se dire à tantôt ?
Je vais reprendre un déjà bien long voyage
Dont je ne pense pas revenir bientôt

Si d’aventure j’ai laissé quelques traces
Elles s’en iront comme tout là-haut
Les longs traits blancs derrière les avions qui passent
Oh je ne pense pas revenir bientôt” ]

Même des chansons très populaires, qui jouent sur des ressorts musicaux et poétiques un peu “faciles”, peuvent avoir un pouvoir d’évocation très fort… Je pense à certaines chansons de Goldman, dont je n’ai jamais été très fan (contrairement à GérardKlein), mais à qui je reconnais un sens de la formule, de l’image, et de la mélodie pour le moins très efficaces.

Par exemple, la vie par procuration, qui nous dresse en quatre vers un portrait juste et sensible, et qui me revient toujours à l’esprit quand je croise certaines silhouettes, ou que de ma chambre j’aperçois les immeubles du quartier… “Elle met du vieux pain sur son balcon, pour attirer les moineaux les pigeons. Elle vit sa vie par procuration, devant son poster de télévision”. Encore une fois, la musique est indispensable, qui nous projette par son rythme lancinant dans cette vie sans relief…

Des chansons qui nous touchent, il y en a des centaines. Pour ma part, j’en trouve chez presque chaque chanteur, même ceux qui (par ailleurs) m’exaspèrent, même ceux qui produisent 99% de soupe, chez les chanteurs commerciaux, chez les chanteurs intellos… La liste des chansons que j’aime est tout simplement interminable je crois.

Et quand j’aime une chanson, (ou un chanteur), je n’ai qu’une envie : la faire aimer à tout le monde. Cette (longue, bien sûr…) introduction afin d’ouvrir une nouvelle catégorie, dans laquelle j’ai envie de parler des chansons que j’aime.

Et pour commencer, j’avais envie d’évoquer tout un album, de Bénabar, un album sans titre (sans autre titre que le nom du chanteur, en fait), paru en 2001.

Sur cet album, 12 chansons, petits textes inspirés du quotidien et accompagnés de cuivres, d’un piano, de quelques percussions…

“bon anniversaire”, et “y’a une fille qu’habite chez moi”, d’abord, qui évoquent le passage à l’âge adulte, la charnière entre l’adolescence qui traine en longueur et le moment où on commence à vivre comme un adulte, sans avoir vraiment l’impression d’en être un…

“vélo”, petite chanson sur un enfant qui essaie d’apprendre à faire du vélo sans petites roulettes. Une petite chanson qui n’a l’ai de rien, mais dont l’accompagnement pourvu uniquement par le piano et la contrebasse, vaut l’écoute à lui seul.

Et (pour moi) la plus belle et la plus intéressante : Majorette.

D’abord, c’est une chanson à trois temps. Et c’est assez rare pour être souligné. (99% des chansons sont à quatre temps. Oui, ce soir, je suis à fond dans les pourcentages.)

C’est un musicien de la fanfare qui parle, qui nous décrit un défilé dans le village, avec les majorettes. Ce musicien est un peu l’idiot du village, mais il est amoureux de la plus jolie des majorettes, qui ne lui accorde pas un regard, puisqu’elle est fiancée à un militaire, qui a un “vrai” uniforme, “un de l’armée de l’air”. Celui qui parle aurait bien voulu en porter un, lui aussi, mais “la patrie et Nadège, elles veulent pas de moi”.

On y entend au début, la fanfare jouer une musique gaie et entrainante; puis, lorsqu’on découvre la “vérité” sur le pauvre amoureux transi, la musique cesse, la brusque rupture de rythme est là pour accentuer le côté pathétique du texte. La dernière partie de la chanson nous montre le “délire” de l’idiot, qui se rêve d’abord marié avec Nadège, mais devant l’impossibilité de cette union, finit par souhaiter de tout gâcher : “j’voudrais tous qu’ils crèvent, avec leurs vrais uniformes… j’vais faire des fausses notes, j’suis bon à rien, la preuve : j’ramasse les feuilles mortes…”, le tout sur une valse qui accélère jusqu’à devenir endiablée.

Ici on trouve vraiment tous les ingrédients qui m’intéressent dans une chanson, un texte très simple mais si imagé qu’ils nous plonge au cœur de la psyché de ce pauvre “bon à rien”, rejeté et moqué par les enfants et les jolies filles; et un accompagnement musical parfait, original (pas la touche “disco” du Bontempi, quoi…) et qui, sans qu’on s’en rende compte à la première écoute, nous guide, nous conduit à travers les émotions.

Categorie : musique, la chanson du jour
Par mes vies
Le 9 décembre 2011
A 21:06
Commentaires :
 

1 Comment for this post

 
KaMaïa Says:

Aaaah, je sens que je vais adorer cette nouvelle catégorie !
Je suis curieuse de lire ce que tu auras à dire sur tes centres d’intérêts musicaux !
Pour ma part, j’ai des goûts très eclectiques en musique, je vais être “attrappée” par une mélodie, comme par des paroles. Je me pâme en ce moment sur Aaron et Melody Gardot

 

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