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blog multidirectionnel : mes vies de mère, de prof, de musicienne, de lectrice, de promeneuse, de dilettante en tout et spécialiste en rien… Et même mes vies de cuisinière, couturière et tricoteuse !

 

My week with Marilyn…

J’ai profité de ma deuxième semaine de vacances, tranquille à la maison (enfin, “tranquille” dans la mesure où on puisse l’être en présence de deux enfants exubérants, avides de promenades à la plage et d’activités diverses et variées…), pour lire un roman que j’ai récupéré à la fin de l’été dernier : “Blonde”, de Joyce Carol Oates. Le troisième roman de cet auteur que j’ai découvert l’année passée avec “les chutes“, puis les “Mulvaney“.

Comme toujours chez Oates, (dit celle qui n’en a lu que trois mais bon…), c’est un roman-fleuve, plus de mille pages, relatant trente années d’une existence chaotique, erratique, alternant sans cesse entre le firmament hollywoodien et les bas-fonds sordides de la misère humaine, misère affective, misère sexuelle, misère financière…

Lire un livre sur Marilyn Monroe, c’est un peu comme regarder un film sur le Titanic : on sait d’avance comment ça finit, et toutes les péripéties nous sont déjà familières.

Et c’est donc là que Oates peut donner libre court à son style magnifique, somptueux, qui colle à toutes les étapes de la vie de Marilyn comme les robes de satin cousues sur elles par les couturières des studio moulaient chaque centimètre de son corps.

D’emblée, Oates prend fait et cause pour la petite Norma Jeane, elle marche à ses côtés, elle nous montre le monde à travers ses yeux, sans pour autant parler à la première personne. La longue première partie, la “genèse” de cette vie de femme, s’attache à nous décrire cette petite fille sans père, élevée tantôt par une grand-mère aigrie, tantôt par Gladys, la Mère adorée autant que redoutée, au fil de ses épisodes maniaco-dépressifs, dont jamais Norma Jeane ne se sentira aimée, ni même digne d’être aimée.

Et cette blessure initiale, cet amour maternel toujours refusé, continue tout au long du livre d’être la clé de tous les comportements de la jeune fille,qui se marie à 16 ans à peine, puis entame une carrière de mannequin, avant de signer un premier contrat aux “studios” jamais nommés : Norma Jeane ne désire qu’une seule chose, être aimée. Elle croit aimer profondément et sincèrement chaque personne (chaque homme, bien souvent) qui lui témoigne un minimum d’intérêt; elle répète sans cesse qu’elle est “heureuse”, qu’elle “n’a jamais été aussi heureuse”, car chaque évènement un tant soit peu positif est vécu par elle comme immérité. Elle s’étonne toujours d’être aimée, et se débrouille finalement toujours pour mettre fin à cet amour, qu’elle ne se croit pas digne de recevoir…

Cet itinéraire de femme, je l’ai trouvé magnifique et bouleversant, et le style de Oates nous plonge au cœur même de la psyché torturée de Norma Jeane… Son style qui est tantôt sec et nerveux, quand Norma Jeane tente de refouler toutes les émotions négatives qui finiront par la submerger; et tantôt chaotique et presque “fou” lors des crises maniaques de la jeune femme, ou de ses délires médicamenteux…

Bref, un roman de plus de mille pages sur une histoire connue de tous, et qui pourtant nous emporte et nous touche comme si cette histoire devenait la notre… Et le “souffle” incroyable de Joyce Carol Oates : car c’est une chose que d’écrire un roman de 200 pages sur un évènement ponctuel, c’en est une autre de nous tenir en haleine sur trente ans de vie, sur tant d’évènements, d’amants, de maris, de personnages de films, sans jamais nous lasser, jamais nous fatiguer…

…Et toujours, toujours, la même histoire racontée par Oates, à travers ses livres : la femme, victime d’un impitoyable monde d’hommes; soumises à leurs désirs et à leur volonté, mais pourtant rebelle, pourtant inaliénable. Et encore, la filiation, le poids d’une mère, d’un père (soit-il inconnu, absent, chimérique comme celui de Norma Jeane), d’un héritage familial auquel on ne peut pas se soustraire…

6 jours de lecture, une petite semaine de vacances avec Marilyn, qui a changé à jamais ma vision de cette femme (à laquelle, il faut dire, je ne me suis jamais particulièrement intéressée)… J’ai envie de voir ses films, maintenant. Dommage, lundi, c’est la rentrée !

Categorie : livres
Par mes vies
Le 20 avril 2012
A 11:38
Commentaires :
 

2 Comments for this post

 
Chantal Says:

Tu me donnes envie de le lire alors que comme toi, je ne me suis jamais intéressée à Marilyn! Je vais voir s’il est à ma bibli!

 
 
Theoma Says:

Ma lecture de Fragments a également changé mon regard sur Marilyn.

 

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