mes vies

blog multidirectionnel : mes vies de mère, de prof, de musicienne, de lectrice, de promeneuse, de dilettante en tout et spécialiste en rien… Et même mes vies de cuisinière, couturière et tricoteuse !

 

Glop et pas glop

Un mercredi tout en dents de scies…

Dans la série “pas glop”, d’abord : des rendez-vous manqués, des contretemps, des disputes et de l’énervement chez les enfants, qui ont aboutit à un nez ensanglanté… Le genres d’enchaînements qui vous font penser qu’il y a VRAIMENT des jours où on ferait mieux de rester coucher.

Mais du côté des glop, il y a :

- la technologie.

Il y a quelques années, quand vous entendiez le début d’une émission passionnante à la radio, mais que vous étiez obligé d’interrompre votre écoute - pour par exemple, aller accompagner votre enfant à un anniversaire, mais l’anniversaire en question était annulé et personne n’a réussi à vous prévenir, cf plus haut, un tour pour rien dans le grand froid-  il vous restait soit l’option “grande ténacité” : écrire à la radio pour se faire envoyer une cassette, soit l’option “tant pis, quel dommage, mais tant pis, halala, quand même c’est ballot, mais bon, tant pis”.

Aujourd’hui, j’entends trois mots à la radio avant d’être obligée de sortir, 3 mots qui sont une madeleine précieuse : un bout de chronique dans l’émission “la tête au carré” (oui je sais je n’écoute plus France Inter, mais sur l’autoradio ça m’arrive encore) où le journaliste parle d’un livre, “Qu’est-ce que la philosophie antique?” de Pierre Hadot. Or ce livre est le premier livre traitant de philosophie que j’ai lu, il figurait en tête de la bibliographie fournie par mon bien-aimé prof de philo de terminale. Mes souvenirs de cette lecture sont plus que lointains, mais entendre prononcer ce titre à la radio m’a ramenée à ce prof, à cette année de terminale, au lycée…

Du coup, je voulais absolument écouter cette chronique, et de retour à la maison, 3 clics ont suffit (le podcast est là, pour mon seul lecteur susceptible d’être intéressé). (Oh, tiens, dans le lien il y a une faute à Hadot, qu’ils ont orthographié “Adot”, du coup ça m’a fait douter et il a fallut que j’aille vérifier. C’est bien Hadot, 18 ans après mon année de terminale je sais toujours l’écrire, alors que je ne saurai JAMAIS orthographier colonne du premier coup.)

Le bonheur, c’est simple comme un podcast. (et bien évidemment, j’ai ressorti mon exemplaire un peu jauni, avec la ferme intention de le relire…)

- les élèves de troisième.

Je me rends compte à quel point la relation aux élèves change du tout au tout, quand on les a pour la deuxième année. Quand on se connait déjà. Comme on se passe, mutuellement, beaucoup plus de choses. Comme les relations sont plus détendues, moins empreintes de “lutte de pouvoir”, comme je ne cherche pas du tout la même chose avec eux qu’avec les autres.

Tous les profs dont je me souviens parlaient, rarement pour certains, tout le temps pour d’autres, d’eux-même. C’est quelque chose que je n’avais jamais fait (jamais eu conscience de faire) l’année dernière, mais que je fais avec ces 3èmes que je commence à bien connaître. C’est amusant. Je croyais que je gardais cette distance “par choix”, parce que c’était ce que je voulais vraiment, être une prof “objective”, dépersonnalisée, désincarnée… Mais en fait, pas du tout.

Et ce matin, commencer à parler de Boris Vian, puis dévier sur les Zazous, puis de façon plus générale sur la façon qu’ont les adolescents et les jeunes adultes de se “démarquer” de la culture “adulte” dominante en s’adonnant à une contre-culture, à une mode qui leur soit propre, pour terminer par leur expliquer que leurs pantalons en bas des fesses ne sont pas plus subversifs, ni moins d’ailleurs, que les pantalons trop longs des zazous… Que suivre une mode qui déplait aux adultes (qui la jugent ridicule, ou choquante) est une constante de l’adolescence depuis au moins les années 20. (je n’intéresse jamais autant les élèves que quand je parle de choses totalement étrangères à ma matière…)

Et là, la question qui tue : “et vous, madame, vous avez suivi la mode quand vous étiez adolescente ?” (apparemment, à me regarder, ça ne semble pas évident pour eux 1) que j’ai pu avoir une adolescence et 2) qu’éventuellement, j’ai pu arborer le moindre signe de rébellion à l’ordre institutionnel, à un quelconque moment de ma vie.) Donc, j’ai répondu que oui. Que je m’habillais tout en noir. (silence consterné des élèves). “Heu… comme maintenant, quoi !”. (ah ben non, regardez. J’ai un collier coloré et un sous-pull violet foncé qui dépasse presque de mon gilet noir.)

Mais d’un coup, j’ai réalisé que j’avais parlé *de moi*. Qu’on avait eu une discussion, un échange. Que certains avaient peut-être réfléchi (au sens que ça peut avoir, la mode, l’adolescence, à la portée “réelle” de toute contreculture…)

Voilà, ça a “fait ma journée” comme on dit en anglais. Il en faut peu pour transformer une heure de cours en une “bonne” heure de cours, et quand ça arrive, c’est quand même chouette.

(dans l’autre établissement, celui où je ne suis que depuis septembre, lundi des (enfin un, sans doute) élève(s) m’a ou m’ont piqué mes gants, que j’avais mis à sécher sur le barre sous le tableau. Le genre de geste qui vient ruiner une journée… )

Categorie : moi, livres, education
Par mes vies
Le 1 février 2012
A 16:32
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