mes vies

blog multidirectionnel : mes vies de mère, de prof, de musicienne, de lectrice, de promeneuse, de dilettante en tout et spécialiste en rien… Et même mes vies de cuisinière, couturière et tricoteuse !

 

crin-crin

Voilà, Malo est rentré vendredi de son cours de violon avec son petit demi. Au premier regard, je l’ai tout de suite trouvé louche. D’abord, absolument dégoûtant. Des traces de doigts bien grasses partout. Des restes de colle sur la touche (là où le précédent prof avait dû coller les petits scotchs qui indiquent où placer les doigts…).

Les cordes plus qu’usées… Deux cordes à changer en urgence, deux autres vraiment fatiguées. Une mentonnière en plastique (alors certes, je vous l’accorde, un élève qui prend un demi-violon ne va vraisemblablement pas travailler 2 heures par jour, et donc même avec une mentonnière en plastique, il y a peu de risques qu’il se face un abcès au cou, mais bon… Même en 10 minutes, on sent bien la différence entre le contact de l’ébène et celui du plastoque.)

L’attache-cordier en boyau : le truc qui, forcément, un jour ou l’autre, va péter. Et donc envoyer valdinguer toutes les cordes, le chevalet, et l’âme.

Mais bon, un violon d’école de musique, on ne va pas trop faire la fine bouche. Le violon est dans une boîte pourrie, décollée, déformée, dans laquelle il faut appuyer “bien fort” pour faire entrer le violon… (sic. Le genre de truc que je ne dirais pas, personnellement, à un garçon de 7 ans. Parce que pour appuyer “bien fort”, il appuie “bien fort”. Si il pète le violon en essayant de le loger dans sa boîte, faudra pas venir se plaindre…)

Et, cherry on the cake, on vous loue le violon, mais il faut acheter l’archet. Le prof nous envoie au magasin de musique de la ville, où on trouve des archets “à 25 euros”. Ahem. Le prix d’une mèche, c’est 50 euros. L’archet qui vaut moins cher qu’une mèche, c’est donc mathématiquement impossible. “Si si, ce sont des archets chinois. Mais bon, pour débuter…”.

Oui mais non. C’est trop pour moi. Du coup, ce matin, 30 minutes de train et 5 minutes de tramway, me voilà rendue dans l’atelier de mon luthier préférée. (le e n’est pas une coquille, mon luthier préférée est une femme luthier.)

Je lui montre l’engin, lui expose mes réticences, et lui demande un demi-archet.

Et là, outre tous les menus détails que je lui avais désignés, elle me montre le “gros” problème de ce violon : la touche est décollée, sur 15 cm environ. L’instrument n’est donc pas jouable…

Je lui ai loué un demi-violon, en parfait état, avec une boîte propre, des cordes neuves, un archet à la mèche neuve,  pour environ 30% plus cher que ce que ça me couterait à l’école de musique pour un instrument pourri… (et un an de location = pas loin du prix de l’archet, or qu’est-ce que je fais de mon archet 1/2 quand Malo passera au 3/4 ??)  Sachant que lorsque je lui achèterai un violon (si Malo continue le violon), un trimestre de location par année de location me sera déduit de mon achat. Alors certes, 40 euros, ou même 80 si on loue deux ans, sur le prix d’un Guarnerius del Gesù ou d’un Vuillaume comme celui de Hilary Hahn (mon idole du moment), c’est peu; mais 80 euros c’est le prix d’un archet français “premier prix”…

Bref, le violon chinois (ou l’archet chinois) ne passera pas par moi. Je refuse d’acheter un archet chez un marchand de musique qui ne sait ni comment l’entretenir ni comment le réparer en cas de problème. Je refuse d’acheter un violon ou ses accessoires chez un “marchand”.

Et je persiste à croire que le premier plaisir du violoniste, c’est de tenir dans ses bras un objet magnifique, de le traiter avec tous les égards qu’il mérite, de se dire que celui qui l’a fabriqué de ses mains y a mis tout son cœur, tout son savoir-faire.

En même temps qu’on me prêtait mon premier violon (j’avais 13 ans) j’ai lu Les Violons du roi de Jean Diwo : c’est la biographie (romancée, très romancée même) d’Antonio Stradivari (dit Stradivarius). C’est passionnant, même sans forcément s’intéresser au violon (je ne pense pas que Jean Diwo soit musicien ni particulièrement mélomane). Il raconte l’histoire d’un artisan, dans la Crémone du XVIIIème siècle, qui a révolutionné son art, sans réellement l’avoir projeté, seulement par amour de son travail, amour du bois dans lequel il sculptait ses violons, désir d’atteindre la perfection… Cette lecture et mon stage de 3ème dans l’atelier de mon luthier préférée m’ont pour toujours envoutée, et pour moi, un violon n’est pas un simple objet, mais il a une dimension presque sacrée…

Categorie : scène de la vie de famille, livres, musique
Par mes vies
Le 1 octobre 2011
A 19:39
Commentaires :
 

2 Comments for this post

 
Luna Part Says:

Tu as complétement raison, c’est regrettable qu’une école de musique prête des instruments pourris (je ne vois pas d’autre mot) même si on peut comprendre que les budgets soient de plus en plus serrés dans les municipalités (dans notre ville les violons doivent être révisés/nettoyés/cordes changées avec facture du luthier quand on les rend et donc quand on en récupère un juste après par contre les archets prêtés ne sont pas reméchables et ça c’est très moyen).

J’ai senti la différence comme je te l’expliquais dans un précédent commentaire avec un très bon violon français en arrivant au conservatoire régional après 4 années de violon chinois, la différence de qualité est perceptible même par un nom mélomane et j’ai tout de suite vu que ma fille prenait beaucoup plus de plaisir à jouer dessus… donc pour moi c’est un bon calcul

 
 
Sophie Says:

C’est intéressant de te suivre dans ces expériences, parce qu’à la maison, personne ne fait de musique, mais j’en ai une qui réclame de faire du violon, et l’autre du piano. Pour l’instant, on ne peut pas, pas le courage de faire encore des déplacements en voiture (et oui, les joies de la campagne…) mais comme on projette de déménager dans une petite ville d’ici un an ou deux, à ce moment, elles pourront aller à l’école de musique, à pied, et seules… En attendant, je vis ça par procuration avec toi…

 

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