mes vies

blog multidirectionnel : mes vies de mère, de prof, de musicienne, de lectrice, de promeneuse, de dilettante en tout et spécialiste en rien… Et même mes vies de cuisinière, couturière et tricoteuse !

 

amour, amour, je t’aime tant, je t’aime tant…

Il m’est tombé par hasard sous les yeux, et aussitôt, dans ma besace, ce “folio 2€” qui reprend les principales lettres de la correspondance Sand/Musset. À l’époque (en licence ? ou en maîtrise ?) où je lisais Consuelo, La Comtesse de Rudolstadt, Elle et Lui, j’avais eu le projet de lire la correspondance de Sand, puis j’étais passée à autre chose.

Et donc, là, une après-midi ensoleillée et la perspective de la rentrée qui me pousse à profiter encore et encore du jardin, du transat… Et les amours déjantées des “enfants du siècle”.

Peut-on encore écrire des lettres d’amour ? Peut-on encore parler d’amour, après ça ??

C’est George, (forcément), qui dans ses lettres parle le mieux de l’autre, de leur amour, et de l’Amour “tout court”…

Voyez donc :

L’amour est un temple que bâtit celui qui aime à un objet plus ou moins digne de son culte, et ce qu’il y a de plus beau dans cela, ce n’est pas tant le Dieu que l’autel. Pourquoi craindrais-tu de te risquer ? Que l’idole reste debout longtemps ou qu’elle se brise bientôt, tu n’en auras pas moins bâti un beau temple. Ton âme l’aura habité, elle l’aura rempli d’un encens divin, et une âme comme la tienne doit produire de grandes œuvres. Le Dieu changera peut-être, le temple durera autant que toi. Ce sera un lieu de refuge sublime, où tu iras retremper ton cœur à la flamme éternelle, et ce cœur sera assez riche, assez puissant pour renouveler la divinité, si la divinité déserte son piédestal. Crois-tu donc qu’un amour ou deux suffisent pour épuiser et flétrir une âme forte ? Je l’ai cru aussi pendant longtemps mais je sais à présent que c’est tout le contraire. C’est un feu qui tend toujours à monter et à s’épuiser. Peut-être que plus on a cherché en vain, plus on devient habile à trouver; plus on a été forcé de changer, plus on devient propre à conserver. Qui sait ! C’est peut-être l’œuvre terrible, magnifique et courageuse, de toute une vie.

[…]

T’ai-je dit que j’avais fait mes adieux à l’enthousiasme ? Si je l’ai dit j’ai voulu parler de cet enthousiasme des premières années de la carrière, qui a besoin d’être si ardent pour en couvrir les difficultés. Cette force que j’avais pour fermer les yeux afin d’y conserver le rayon de mon soleil, alors même qu’il s’éteignait, je n’en ai plus besoin. Je contemple, les yeux toujours ouverts, une lumière toujours éclatante et pure.

Une autre lettre, six mois plus tard :

 

…tu es jeune, tu es poète, tu es dans ta beauté et dans ta force. Essaye donc, moi je vais mourir. Adieu, adieu, je ne veux pas te quitter, je ne veux pas te reprendre, je ne veux rien, rien, j’ai les genoux par terre, et les reins brisés, qu’on ne me parle de rien. Je veux embrasser la terre et pleurer. Je ne t’aime plus, mais je t’adore toujours. Je ne veux plus de toi, mais je ne peux pas m’en passer. Il n’y aurait qu’un coup de foudre d’en haut qui pourrait me guérir en m’anéantissant. Adieu, reste, pars, seulement ne dis pas que je ne souffre pas, il n’y a que cela qui puisse me faire souffrir davantage, mon seul amour, ma vie, mes entrailles, mon frère, mon sang, allez-vous-en, mais tuez-moi en partant.

 

Bien sûr, ils ont la conscience de “faire œuvre” avec chacune de leurs lettres, qu’ils se reprennent à chaque rupture, qu’ils caviardent après-coup, raturent et corrigent… Comme tous ces artistes romantiques dont la vie est un des aspects de l’œuvre… Et si, “en creux”, cette correspondance dessine une relation faite de jalousie, de disputes, d’infidélités, de dépression et de crises délirantes, elle n’en reste pas moins digne de figurer au panthéon des plus belles histoires d’amour.

 

(2 euros pour deux ans d’une folle passion, c’est bradé…)

Categorie : livres
Par mes vies
Le 30 août 2011
A 15:19
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