La prof au panier
Au conservatoire, quand je passais mon prix d’analyse, ma prof (une prof super, très enthousiaste, aimant sa matière et pleine de culture, d’anecdotes qui rendent les compositeurs vivants et proches de nous) venait en cours sur un vieux biclou rouillé et transportait toutes ses affaires dans un grand panier d’osier, le panier de mamie pour aller au marché. Dedans, photocopies en pagailles, CD, notes, partitions écornées, stylos, bouteille d’eau… Je me souviens aussi être allée chez elle, en Juin, pour préparer l’examen et manger les cerises de son cerisier.
J’aimerais bien un jour pouvoir être une “prof au panier”. Me moquer d’avoir l’air, d’essayer d’en imposer, de trimballer mon barda (photocopies, CD, notes, partitions, stylos, bouteille d’eau…) dans un cartable en cuir foncé… De froncer les sourcils et d’élever la voix, de menacer d’heures de colles ou de contrôles surprises, de dire 10 fois “silence” et une seule fois quelque chose d’intéressant…
J’aimerais bien pouvoir aller au collège en nu-pieds comme ma prof au panier. J’aimerais bien supprimer le décorum. Garder l’essentiel. N’avoir besoin que de l’essentiel.
coucou!
et qu’est-ce qui t’arrête?…
plein de choses… mais déjà, je me rends compte de vers quoi j’ai envie d’aller. C’est pas encore un premier pas, mais je regarde dans la bonne direction !
Je dirais qu’on peut devenir “la prof au panier” quand on est dans un lieu connu (changer d’établissement tous les ans, ça n’aide pas), qu’on est sûr de soi, et de ce qu’on veut transmettre, qu’on aime ses élèves (du moins qu’on a de l’affection pour eux), qu’on est capable encore de rire de leurs bêtises… Moi, ça fait 15 ans que j’enseigne, et je crois sans fausse modestie que je me suis améliorée…Mais il a fallu de l’expérience, du détachement, et mes enfants…
la prof au panier avait peut-être un public plus “facile” que celle qui travaille dans un collège…
Anne-Cé : oui, c’est sûr. On était trois élèves (entrés sur examen dans sa classe) et on avait 20 ans… mais quand même, on avait d’autres profs, différents (chouettes et moins chouettes). Et c’est à elle que je voudrais le plus ressembler… Elle avait un “truc” en plus (le panier ???) que n’avaient pas nos autres profs.
Tu parles de cours comme il faut sur le blog de musiclik: c’est quoi au juste? Moi on m’a bassiné avec des problématiques. J’ai abandonné l’idée de référence, seulement des exemples à chaque cours. C’est pas ce qu’il faut faire?
Et si cette prof était vivante, vraiment en lien avec la Vie, avec elle-même ? C’est ce que m’évoque le panier, les nus-pieds, le fi du décorum, et surtout l’enthousiasme et les anecdotes… Je pense que quand on a cette connexion-là, à soi-même, à la vie, à qui on est, plus grand chose ne nous atteint. Alors on peut se permettre de ne faire attention qu’à ce qui compte pour nous, et de laisser briller toute sa lumière…
Comme toi, je trouve que savoir où tu veux aller est un premier pas, et comme Anne-Cé, que le collège public n’est pas forcément un lieu idéal pour laisser briller qui on est !
J’espère qu’en chemin, tu trouveras ton propre panier et que tu te souviendras de la prof au panier avec tendresse et inspiration, sans qu’elle ne soit un modèle, puisqu’elle n’est pas toi