la cloche
Malo a donc fait son entrée au CP. Il semble content, il mémorise plein de nouveaux mots -jusqu’à présent il se servait uniquement du déchiffrage pour lire, à présent il accepte de “deviner” les mots, comme il dit.
Tout va bien, donc. La maîtresse est sympa (”elle crie pas tout le temps, la maîtresse. Pas comme celle de l’année dernière !”), mais pas laxiste non plus (Malo a été séparé de son copain au bout d’un mois… pour être placé à côté d’une petite fille qui ne discute pas.)
Mais dehors, à la sortie, les mamans râlent. Ben oui. Les enfants ne sortent pas “instantanément” de l’école à la sonnerie. En fait, la maîtresse arrête son travail à la sonnerie, et le temps que nos enfants rangent leurs affaires dans leurs cartables, leurs chaises sous leurs tables, et prennent leurs manteaux, il leur faut souvent plus de 5 minutes.
Drame.
Selon certaines mamans, la maîtresse devrait anticiper sur la cloche, et arrêter le travail 5 minutes avant. Alors bon, j’ai jugé inutile de leur faire le calcul du temps représenté par 5 minutes deux fois par jour quatre fois par semaines dix mois par an… Ou de leur rappeler que depuis le passage aux 35 heures, le temps d’habillage et de déshabillage est décompté du temps de travail…
J’ai préféré me taire, et me souvenir de mon prof d’histoire-géo de 4ème et 3ème. J’adorais ce prof. Je le vénèrais. J’en aurais même été amoureuse, mais il cumulait pas mal d’obstacle rédhibitoires :
- il frisait la soixantaine
-il avait toujours un peu de salive séchée aux coins des lèvres
- il était presque chauve, ses rares cheveux étaient si gras qu’ils luisaient autour de son crâne
- il était petit et bedonnant.
Mon amour fut donc purement intellectuel. Mais je me souviens, avec émotion, de notre premier cours. Quand la sonnerie annonçant la fin de l’heure retentit, les 24 élèves, comme de bons petits chiens de Pavlov que nous étions, s’arrêtèrent aussitôt d’écrire et se mirent à ranger leurs affaires. Le regard courroucé, la voix forte, le cher Paul (qui était, d’ailleurs, le seul prof à ne pas nous appeler par nos prénoms, mais par nos noms de famille…), tonna : “mais qu’est-ce que vous faites ?”
Naturellement, un élève assez courageux répondit, d’une voix faible “mais…ça a sonné, m’sieur !” Ce à quoi Paul répondit cette phrase, magnifique et définitive, paraphrase de Louis XIV teintée d’autodérision : “J’en ai rien à faire. La cloche, c’est moi.”
Sur ce, il finit son cours comme si de rien n’était, et nous libéra ensuite.
Inutile de dire qu’il nous avait dressés une bonne fois pour toutes. Si, dans toutes les classes, on se jetait sur nos sacs à dos Chevignon aussitôt que la sonnerie retentissait, en histoire-géo, aucun élève ne bougeait une oreille tant que notre bon maître ne nous délivrait pas verbalement notre habeas corpus.
C’est bien dommage qu’aucun des parents d’élèves de la classe de Malo n’ait eu ce bon Paul en histoire-géo. Ils auraient appris que ça n’est pas la cloche qui commande…
ha ha ha ! j’ai eu le même modèle de prof d’histoire géo au lycée, un peu moins gras, mais bedonnant aussi, toujours en blouse bleue et enveloppé du fumet infâme de ses cigarettes/cigarillos (?) jaunes (et oui, à l’époque les profs avaient encore le droit de fumer partout dans le lycée)
je l’adorais aussi, et il était le roi des petites phrases, que je notais systématiquement dans mon agenda !
et sinon, les parents d’élèves, pfff !
hahaha, une de mes profs de français (en 4ème) nous a sorti exactement la même phrase, sauf que c’était une bonne femme, limite hystérique et sa réplique n’a eu pour seul résultat qu’un immense fou-rire général “la cloche c’est moi”
“tout à fait madame” , elle s’est rendu compte trop tard de sa boulette
Sinon la classe de ma n°2 sort toujours la dernière (à 16h45 soit 15 mn après la cloche), donc depuis le CP on râle à la grille, “rho, on va lui acheter une montre à l’instit, spa possib” sauf qu’elle est maintenant en CM1 et que sa classe est toujours la dernière à sortir, donc cette année, on commence à admettre que ce n’est pas l’instit mais la classe qui est lente à ranger ses affaires, surtout en voyant les instits des années précédentes sortir bien plus tôt qu’avec eux…
grrr, c’est le genre de truc qui me met les nerfs en pelote !
La classe commence à 8h30, ce qui signifie qu’à 8h30 les enfants sont assis prêts à travailler. La classe finit à 16h30, ce qui signifie que le cours termine à 16h30 (à peu près, on a le droit de terminer un exercice quand même !) et APRES on range ses affaires et on prend son petit manteau, je ne vois pas par quel miracle les bambins pourraient être au portail dès 16h30 ?!!
De toutes façons, je DETESTE les parents !
Ah bon ? tu as eu du Chevignon toi ? Ben dis donc ! Sinon je partage ta cloche du soir, des mamans râlent quand la sonnerie a cloché et que leur petits anges ne sont pas déjà dehors pour leur sauter dans les bras. Les papas, eux (car ya aussi des papas devant le portail des écoles), en profitent pour commenter le dernier match de l’EDF et anticiper sur le prochain salon de l’automobile.
Vive les cloches (surtout celles d’avril)
@Laurent : moi, personnellement, non, pas de sac Chevignon ( un cartable en cuir). Mais bon, c’était la grande mode, à l’époque !
Je crois qu’on pourrait remplir un blog rien qu’avec les parents d’élèves…
Alors là, je partage totalement… Moi non plus j’aime pas les parents alors… Par contre, comme j’aime te lire Viviana !! A quand un bouquin sur, chais pas moi, “Mes vies” ;-). Je l’achèterai, sûr !!!