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blog multidirectionnel : mes vies de mère, de prof, de musicienne, de lectrice, de promeneuse, de dilettante en tout et spécialiste en rien… Et même mes vies de cuisinière, couturière et tricoteuse !

 

Un Roman Russe

Troisième livre consécutif se situant en Russie, après Limonov (du même Carrère) et Tesson dans sa cabane sur le lac Baïkal.

J’avais prévu d’autres lectures, mais j’ai eu vraiment envie de rester en Russie, et de retrouver Carrère.

Depuis deux ans, depuis ma découverte de cet écrivain dans « d’autres vies que la mienne », j’ai entrepris de lire tout ce qu’il a écrit depuis « la classe de neige ».

« Un roman Russe » était le « chaînon manquant » entre « l’adversaire » et « d’autres vies que la mienne ».

C’est un récit autobiographique très intime, qui relate deux années de sa vie.

Il vient de publier « l’adversaire », et le sujet de ce livre l’a tellement bouleversé, touché, qu’il éprouve le besoin de « changer d’air ». Ce qu’il fait en partant en reportage dans une petite ville de la Russie profonde, une ville grise, pauvre et triste.

Parallèlement à cela, il débute une histoire d’amour, et souhaite se replonger dans le passé de sa famille, du côté de sa mère, du côté russe.

Ce sont ces trois fils qui vont s’entrelacer au cours des 400 pages de ce récit : sa passion amoureuse, son immersion dans la société de Kotelnitch, et sa plongée dans une histoire familiale douloureuse.

Le livre s’achève sur une lettre de Carrère à sa mère, la secrétaire perpétuelle de l’Académie française ; et c’est autour de la figure de la Mère que tourne tout le livre. La Russie, d’abord, que les russes nomment la « mère russie », qui est la « mère patrie » pour la mère de Carrère. La mère « humaine » de l’auteur, donc, Hélène Carrère d’Encausse. C’est « pour » elle que Carrère entreprend le travail de deuil et de thérapie, le travail de recherche, autour de son père à elle, le grand-père d’Emmanuel, dont le destin tragique est un tabou familial.

« Attends que je sois morte », lui demande sa mère, qui refuse d’avoir un jour à faire face à ce passé trop douloureux. Mais l’écrivain le sait : s’il écrit, s’il raconte des histoires, c’est pour pouvoir raconter celle-là en particulier, et pour se libérer et libérer sa mère du poids de ce secret.

Et la maternité, encore, qui sera au cœur de l’amour passion qu’il vit avec Sophie, sa compagne de l’époque.

Après avoir exploré la psyché de Jean-Claude Romans, le tueur mythomane aux desseins impénétrable, Carrère nous entraîne dans ses pensées les plus intimes, se met à nu devant nous, en tant que créateur, en tant que fils et en tant qu’amant.

Ce « roman russe » qui n’a rien d’un roman éclaire le reste de son œuvre, et répond d’une manière ou d’une autre à ses autres livres. On y retrouve des personnages, des moments de son existence qui sont détaillés dans « d’autres vies que la mienne » ou « limonov ». L’œuvre de Carrère forme vraiment un tout cohérent, et même s’il semble nous promener dans le monde entier, de la Russie à la Thïlande en passant par un village du sud de la France, il creuse toujours le même sillon. « Un roman russe » est la clé de voûte de son travail. J’attends maintenant avec impatience son prochain ouvrage.

Categorie : livres
Par mes vies
Le 5 avril 2012
A 17:19
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